• Découverte près de Nador des plus anciennes traces de fabrication de la céramique: au Maroc:

    Nador, 1er avril (MAP)- Des récipients en céramique qui seraient les plus anciens fabriqués au Maroc viennent d'être découverts au niveau du site Hassi Ouenzga (50 km au sud-ouest de Nador), par une équipe d'archéologues marocains et allemands, apprend-on mercredi auprès de la délégation provinciale de la culture.

    Cette découverte a eu lieu dans le site de Hassi Ouenzga (commune de Saka), où se situe un abri qui a servi d'habitat à des populations néolithiques qui ont fréquenté ce lieu depuis 9.000 ans avant le présent, précise un document sur cette découverte inédite.

    Après un intense travail archéologique de terrain et des analyses mettant en oeuvre des technologies de pointe, l'équipe de scientifiques de l'Institut National des sciences de l'Archéologie et du Patrimoine (INSAP) et de l'Institut Allemand d'Archéologie, dirigée par MM. Abdeslam Mikdad et Josef Eiwanger, date cette céramique aux alentours de 9.000 ans avant le présent, précise-t-on.

    Ces scientifiques avancent "que cette date est de 2000 ans plus ancienne que celle qui était proposée jusqu'à présent pour le façonnage des premiers récipients en céramique non seulement au Maroc mais dans l'ensemble des pays du Maghreb".

    Selon la même source, les populations installées sur ce site ont laissé des vestiges appartenant à différentes phases du Néolithique : la plus récente parmi elles remonterait au Néolithique final avec une céramique décorée au peigne et qui daterait du 6-ème millénaire avant le présent.

    Elle fut précédée par une autre phase caractérisée par la céramique cardiale (céramique décorée par des impressions à la coquille du Cardium ondulé) considérée par les chercheurs comme la plus ancienne céramique du Maroc qui fut introduite de la Péninsule ibérique à travers Gibraltar vers la première moitié du 6-ème millénaire avant le présent, expliquent les archéologues.

     

    Des analyses minéralogiques ont démontré par la suite que les potiers (ères) de l'époque ont utilisé des dégraissants totalement différents de ceux qu'utilisaient les autres groupes pour consolider leur argile.

    La même source souligne par ailleurs que la découverte d'indices de la fabrication de céramique dès le milieu du 9-ème millénaire avant le présent est de nature à modifier profondément la perception actuelle de ces sociétés du début du Néolithique du Maghreb, d'autant plus que la création de la céramique avait une importance sociale et économique considérable, puisqu'elle facilitait le commerce entre les groupes durant le Néolithique et les phases qui s'en suivaient.

    Ils ont relevé que la création de la céramique témoignait également d'un changement profond dans les coutumes culinaires et facilitait la conservation de l'eau, ajoutant qu'elle avait joué, après l'apparition de l'agriculture et de la domestication des espèces animales (mouton, chèvres, boeuf), un rôle primordial dans l'évolution socio-économique des populations préhistoriques.

    Les recherches archéologiques se poursuivent actuellement dans le site de Hassi Ouenzga dans le but de confirmer davantage les résultats acquis et d'essayer de mieux saisir la nature des relations qu'entretenaient les populations préhistoriques du Rif oriental avec leurs contemporains de la rive nord de la Méditerranée et du Sahara.

    Dans une déclaration à la MAP, M. Mikdad a souligné que les fouilles vont porter désormais sur la recherche d'indices sur la vie socio-économique de ces populations notamment des graines et des ossements d'animaux domestiqués ou chassés, l'objectif étant, selon lui, de découvrir le mode de vie des habitants de la région durant le Néolithique.

    Qualifiant cette découverte d'"extraordinaire" et de "très importante pour le Maroc et le Maghreb", M. Mikdad a indiqué qu'elle remet en question les hypothèses selon lesquelles la céramique cardiale, introduite de la Péninsule ibérique vers la première moitié du 6-ème millénaire avant le présent, serait la plus ancienne céramique du Maroc.

    L'équipe des scientifiques du programme du Rif oriental a entamé ses fouilles dans la région du rif depuis 1994. Elle compte à son actif plusieurs découvertes.

    Auteur : aufait/MAP



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  • La grotte dite « du Juif » à Sefrou<o:p></o:p>

    (Maroc)<o:p></o:p>

    PAR LE<o:p></o:p>

    R.-P. Henry KOEHLER, O.F.M.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    La grotte dite « du Juif » à Sefrou, est située au pied de la falaise de Binna, laquelle marque environ 800 m. d'altitude. De tradition immémoriale on prétend que les rabbins y furent ensevelis; d'autre part la légende des indigènes y voit l'habitation d'un génie. Ceci tendrait à indiquer qu'il y eut en cet endroit un habitat très ancien ou un lieu de culte quelconque. Cette grotte s'ouvre à l'Est et comprend deux longs boyaux, le tout vide depuis des siècles. Nos fouilles se sont portées sur une grande excavation, située à la droite de la grotte, d'une dizaine de mètres de largeur et de profondeur, sur 2 m. 50 de hauteur. Devant l'ouverture naturelle, un énorme bloc, de 7 m. de haut, forme une sorte de paravent et ne laisse d'issue que des deux côtés, l'une très grande, l'autre fort étroite. Ce bloc ne touche terre que par ses deux extrémités, et présente au milieu tine sorte d'arche très peu accentuée mesurant 4 m. 60 de largeur et ne s'élevant qu'à 1 m. 10 au-dessus du sol rocheux de la grotte. L'intérieur de ce refuge est complètement vide, le sol est le roc apparent; seule une frange de terre de 0 m. 90 bouchait l'arche du bloc ne laissant qu'un espace de 0 m. 20 pour communiquer avec l'extérieur.<o:p></o:p>

    Devant la grotte des terres amoncelées s'étendaient sur 3 m. et 4 m. 50 respectivement, coupées au milieu par deux blocs tombés l'un derrière l'autre, le second mesurant 1 m. 50 sur 2 m. de haut. De gros quartiers de pierre reliaient ensemble la paroi de droite de la falaise et le rocher de la grotte à gauche, s'appuyant de côté et d'autre sur le bloc du milieu : ce pouvait être une plate-forme ou un mur de défense.<o:p></o:p>

    Le niveau absolu est constitué partout par la roche, mais le dépôt de terre partant de zéro allait en se relevant contre le rocher- paravent d'une hauteur de 0 m. 45 et 0 m. 80 à son plus haut niveau. Cette terre noire était homogène et ne présentait aucune trace de cendres ni de foyers, mais vers l'ouverture de l'arche, sous une couche de 0 m. 30 de cette terre noire, apparaissait une couche de terre sablonneuse rougeâtre reposant directement sur le sol rocheux. L'eau de ruissellement Га fortement agglomérée.<o:p></o:p>

    La masse des terres étant à l'extérieur, les pluies ont usé depuis des siècles le dépôt initial, si bien que les silex : éclats ou lamelles, se trouvaient nombreux en surface et que les terrains en pente rapide qui dévalent devant la grotte en sont parsemés.<o:p></o:p>

    Deux choses sont à signaler dès à présent : sous le bloc rocheux tombé devant la fouille, parmi de nombreuses pierres roulées,.<o:p></o:p>

    nous avons recueilli une balle de terre cuite; sa forme ovoïde et ses dimensions de 0 m. 06 sur 0 m. 04 nous font penser à l'une de ces balles carthaginoises que l'on a retrouvées à Carthage. Comment se trouvait-elle là? Mystère : aucun indice d'une pareille civilisation n'ayant été relevé dans les environs.<o:p></o:p>

    En second lieu : tout à fait en avant du front des fouilles, à nos premières recherches, nous avons mis au jour des fragments de crâne et quelques débris d'ossements d'un tout jeune enfant. Il ne peut s'agir d'une sépulture indigène à cet endroit; d'autre part<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

     


     

    Fig. 1. — Grotte « du Juif» à Sefrou; à gauche vue de face; à droite vue de profil.<o:p></o:p>

    il n'y avait pas trace d'une sépulture régulière, à moins que l'érosion ne l'ait fait disparaître. Etait-ce un sacrifice rituel, en vue de protéger le système de défense de la grotte? nous l'ignorons. Disons enfin que nous n'avons trouvé aucun objet de pierre polie, ni aucune trace de poterie ancienne au cours des fouilles.<o:p></o:p>

    L'ensemble des instruments recueillis est parfaitement homogène sauf dans les quelques centimètres de terre rougeâtre dont nous avons parlé plus haut. L'inventaire des pièces retrouvées dans la terre noire est le suivant :<o:p></o:p>

    1° Instruments de la technique du dos abattu :<o:p></o:p>

    Lamelles entières au-dessus de 3 cm. 50 357<o:p></o:p>

    Lamelles entières au-dessus de 3 cm. 50 (dont 15 de belle<o:p></o:p>

    venue) 34<o:p></o:p>

    Fragments de bases 198<o:p></o:p>

    Fragments de sommets 339<o:p></o:p>

    Lamelles incurvées par retouches, de 1 cm. 50 à 4 cm 33<o:p></o:p>

    Lamelles à protubérance dorsale donnant triangles scalènes. . 26<o:p></o:p>

    Lamelles à pédoncule, base amincie et retouchée 56<o:p></o:p>

    Croissants, de 1 cm. à 4 cm 75<o:p></o:p>

    Lamelles à double pointe nettement voulue 12<o:p></o:p>

    Lamelle très aiguës de 2 à 4 cm. dont 4 à pédoncule 58<o:p></o:p>

    Lamelles troncature oblique par retouches 5<o:p></o:p>

    Lamelles-pointes, base amincie, un côté abattu 97<o:p></o:p>

    Lamelles-perçoirs 18<o:p></o:p>

    On a donc un total de 1.308 spécimens de la technique du dos abattu.<o:p></o:p>

    2° Instruments à dos non abattu :<o:p></o:p>

    Lames entre 4 et 6 cm ' 130<o:p></o:p>

    Lames avec amorce de pédoncule c'est-à-dire amincissement. 9<o:p></o:p>

    Lames non achevées • 43<o:p></o:p>

    Lamelles de 1 cm. à 4 cm • 579<o:p></o:p>

    Pointes affectant la forme triangulaire ou losangique, tirées<o:p></o:p>

    de lamelles et à base retouchée ou amincie de 2 à 3 cm 47<o:p></o:p>

    Pointes aiguës, longues et piriformes 24<o:p></o:p>

    Pointes sur gros éclats dont 12 à patine épaisse 55<o:p></o:p>

    Pointes sur gros éclats ovalaires, quelques bases retouchées. . 35<o:p></o:p>

    3° Mierolithes :<o:p></o:p>

    Perçoirs, sur fragments de lamelles ou petits éclats 21<o:p></o:p>

    Burins, sur éclat de lame (douteux) 4<o:p></o:p>

    Microburins, retouchés fines, 3 sur éclats plus épais 23<o:p></o:p>

    Encoches, petites, paraissant plutôt des essais de taille 24<o:p></o:p>

    Pédoncules marqués sur éclats même rocheux .- 6<o:p></o:p>

    Pointes nombreuses soit losangiques soit triangulaires sur<o:p></o:p>

    éclats plats allongés, de 1 à 1 cm. 50 323<o:p></o:p>

    4° Instruments sur éclats de plus grande dimension, soit de 4 à 7 cm. présentant les types et la technique atérienne et cependant relevés dans la terre noire :<o:p></o:p>

    a) Silex translucide, traces laiteuses de patine, technique de l'éclat long et plat :<o:p></o:p>

    Lames à dos triangulaire, base en grattoir arondi, belles retouches; 4<o:p></o:p>

    Pointes à dos épais, plan de frappe dont un fort apparent; l'une d'elles de 6 cm., présente une sorte de pédoncule et d'aileron 8<o:p></o:p>

    Grattoirs forme ovale, plan de frappe, belles retouches 2<o:p></o:p>

    b) Silex déshydraté :<o:p></o:p>

    Lames à base arrondie en grattoir, longues retouches 11<o:p></o:p>

    Quelques pointes grossières, éclats (10 cm.) à plan de frappe très incliné, utilisées sur le bord.<o:p></o:p>

    c) Silex à patine rosée :<o:p></o:p>

    Lames à talon arrondi en grattoir section épaisse 14<o:p></o:p>

    Pointes dont une à belles retouches longues 8<o:p></o:p>

    Grattoirs soit sur éclats ronds soit sur lames 16<o:p></o:p>

    5° Dans la terre rougeâtre du fond :<o:p></o:p>

    En général tous ces instruments diffèrent des précédents par la technique de la retouche.<o:p></o:p>

    La transition nette entre la terre noire et la terre rougeâtre qui recouvre le sol rocheux n'existe pas. Les instruments rencontrés dans ce niveau sont d'ailleurs un mélange de silex microlithiqiues, de lamelles à dos abattu, et d'instruments de facture plus fruste et de type atéro-njoustérien :<o:p></o:p>

    Pointes, dont une de 10 cm., losangique, allongée 13<o:p></o:p>

    Lamelles à dos abattu 14<o:p></o:p>

    Lamelles ordinaires 30<o:p></o:p>

    6° Mention spéciale doit être faite des pointes pédonculées en forme de pointes de flèches. Nous en avons relevé 15 soit dans la terre noire de l'extérieur, soit au niveau de la terre rouge, en bordure de l'intérieur. Parmi ces pointes deux sont de forme particulière : très plates, losangiques, travaillées sur les deux faces, en roche rosée; les autres sont de forme classique avec ailerons et pédoncule travaillé sur les deux faces.<o:p></o:p>

    Le mélange des instruments que nous venons de signaler et la présence de la terre rouge et sablonneuse sous la couche de terre noire, tout à l'entrée de la grotte, et là seulement, d'autre part l'accumulation de la terre noire à l'extérieur et le vide de l'intérieur, nous prouvent que ce vide provient du repoussement des terres de surface, mais qu'à un certain endroit des restes du sol primitif sont demeurés. C'est là que se sont conservées les traces d'une habitation probablement très restreinte d'une population atérienne, et c'est pourquoi, le nettoyage de la grotte n'ayant pas été fait à fond, les lamelles à dos abattu se sont retrouvées en contact avec des instruments plus anciens.<o:p></o:p>

    Il convient de remarquer cependant, qjue dans les stations de surface que nous avons repéré dans les environs de la grotte et la région de Sefrou, nous avons noté la coexistence de microlithes avec les pièces pédonculées.<o:p></o:p>

    Quant au matériel ibéro-maurusien que nous avons trouvé dans la fouille, la présence d'amincissement de la base en manière de pédoncule plus ou moins apparent, nous fait supposer qu'il s'agit d'armatures de flèche; on se trouverait ici sur un atelier d'armurerie. Cette supposition serait confirmée par le matériel osseux recueilli. Les ossements animaux ne permettent pas de supposer des reliefs de cuisine, mais les fragments innombrables ont fait l'objet d'une industrie grossière mais évidente :<o:p></o:p>

    Fragments plats à base coupée en biseau ou double biseau ou<o:p></o:p>

    à base arrondie comme celle des grattoirs, de 3 à 7 cm 22<o:p></o:p>

    Fragments taillés en forme de flèches à ailerons, pédoncules<o:p></o:p>

    très nets pour la plupart, de 2 à 6 cm 21<o:p></o:p>

    Fragments dont la base coupée forme triangles scalènes. ... 20<o:p></o:p>

    Fragments affectant une forme cintrée 10<o:p></o:p>

    Fragments droits et fins 16<o:p></o:p>

    La plupart de ces formes reproduisent celles des instruments à dos abattu et permettent de penser qu'ils ont servi aux mêmes usages.<o:p></o:p>

    Parmi les autres objets trouvés dans la fouille :<o:p></o:p>

    Quelques petits fragments de pierres plates coupés en triangle; nous avons recontré ce même genre de pierres énigmatiques dans - d'autres fouilles de la région.<o:p></o:p>

    Pierres, de taille moyenne, avec cupule.<o:p></o:p>

    Fragments de roches de 30 et 40 cm., dont le milieu creusé rappelle les meules.<o:p></o:p>

    Broyeur rond et un autre cylindrique, portant traces d'usage.<o:p></o:p>

    Instrument de roche verdâtre, genre lissoir, long de 7 cm., large de 2 cm., épais de 1 cm.; portant marque d'utilisation sur le plat de ses deux extrémités.<o:p></o:p>

    Une centaine de nuclei de toutes tailles et, sauf de rares exceptions qpi sont des nuclei à lamelles.<o:p></o:p>

    Quatre fragments très petits d'œuf d'autruche. ,<o:p></o:p>

    Faune de la grotte.<o:p></o:p>

    Nous avons dit que les os trouvés ne portent pas trace de feu, ce sont d'ailleurs, avec des dents nombreuses de chevaux et de bovidés, les os longs des membres inférieurs.<o:p></o:p>

    Equus mauritaniens : molaires supérieures, inférieures incisives, extrémité proximale métatarsien. Bos ibericus : molaires, astragale. Alcelaphus bubalis : molaires, phalanges, astragale. Hyena (?) deux canines. Gazella dorcas : deux molaires, une corne. Phacochoerus africanus : molaire.<o:p></o:p>

    Chronique de protohistoire.<o:p></o:p>

    Désireux de servir de trait d'union entre les chercheurs dans le domaine de la protohistoire, le Bulletin de la Société Préhistorique Française consacrera désormais quelques pages à une chronique des âges des métaux en France et en Europe occidentale (Age du Bronze, Age du Fer jusqu'à l'ère chrétienne).<o:p></o:p>

    Nous vous serions reconnaissants, si vous voulez que cette chronique soit aussi complète que possible, et qu'elle parle notamment de vos travaux et de vos découvertes, d'envoyer régulièrement (outre ceux destinés à la Bibliothèque de la S. P. F., à expédier à notre secrétaire général, comme d'usage) des tirages à part à l'adresse suivante :<o:p></o:p>

    J. J. HATT, conservateur du Musée archéologique de Strasbourg, château Rohan, Strasbourg (Bas-Rhin).<o:p></o:p>

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  • Contribution à l'étude du Préhistoríque de la région de Sefrou (Moyen Atlas) (Maroc)<o:p></o:p>

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    PAR Paul FITTE (* Manuscrit reçu en juin 1942)<o:p></o:p>

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    En janvier et février 1940, alors que nous étions de passage à Sefrou, le Lieutenant Greciet, l'Adjudant Guebe et moi-même, décidions de prospecter, au point de vue préhistorique, la vallée de l'Oued Aggaï et les massifs montagneux situés de part et d'autre de cette rivière. Sur la rive gauche de cet oued, qui est un véritable torrent, s'ouvrent dans les falaises rocheuses de nombreuses anfractuosités, parfois très profondes. La plupart d'entre elles servent de refuge pour les Moutons et les Chèvres. Dans ce but, le promontoire en face de l'entrée de la grotte ou de l'abri est aménagé par les indigènes. Tantôt ce sont des pierres sèches, tantôt des buissons enchevêtrés qui forment une muraille extérieure.<o:p></o:p>

    Le soir, les bergers allument à l'entrée de grands feux qui éclairent le seuil des cavernes; alors seulement on peut se rendre compte de la grande quantité de ces abris naturels.<o:p></o:p>

    Сes abris ne sont pas exclusivement réservés aux troupeaux, très fréquemment l'homme les a aménagés pour son usage personnel. Il en a obstrué l'entrée par un mur de terre battue, percé de quelques meurtrières qui laissent filtrer un peu de lumière à l'intérieur. Une porte de bois, basse et étroite, permet d'y pénétrer. Ces demeures sont de beaux exemples d'habitations troglodytiques. En examinant dans les pentes les matériaux rejetés de ces abris, nous avons recueilli des éclats de silex présentant un plan de frappe et un bulbe de percussion, indiscutablement de facture humaine. 

     <o:p></o:p>

    Hg. 1. — Hache polie en diorite, rive gauche de l'oued Aggaï, à la hauteur du fort Prioux, dans les puits ou silos néolithiques.<o:p></o:p>

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    Ce qui nous laisse présumer qu'un certain nombre d'entre elles ont été occupées à l'époque préhistorique.<o:p></o:p>

    Sur la route de Fès à Sefrou, 4 kilomètres avant d'arriver à cette localité, à droite de la route, au pied du massif montagneux Djebel Vina, s'ouvrent de nombreuses grottes. L'une d'entre elles, située à flanc de montagne, la plus vaste, l'entrée orientée à l'Est, appelée Khifan del Youdi (grotte du Juif) nous a fourni deux horizons préhistoriques : l'un Moustérien, l'autre Ibéro-Maurusien ; elle fera l'objet d'une étude ultérieure.<o:p></o:p>

    Entre le village de Bahlil et le ravin où coule l'Oued Aggaï, sur un plateau pierreux à peine égratigné par la charrue primitive de bois, au lieu dit : « Bled Bouchta Ben » nous avons recueilli une pointe pédonculée en silex, profondément cacholonnée en blanc porcelaine et qui est de technique atérienne (Moustérien évolué africain), ainsi que de nombreux éclats dans le même état morphologique.<o:p></o:p>

    Un jeune berger de Bahlil, Ali ben Sami, nous a signalé, dans le Djebel Bahlil qui surplombe le village, des roches gravées de signes serpentiformes ? Malheureusement nous n'avons pu contrôler ses assertions.<o:p></o:p>

    Sur la rive gauche de l'Oued Aggaï, à la hauteur du fort Prioux, — qui, lui, s'élève sur la rive droite, — à 300 mètres d'une koubba en ruines, subsistent des pans de murailles enterre battue, enduites en partie de chaux et percées de meurtrières. Il s'agit vraisemblablement de vestiges berbères. De nombreux silos à grains en forme d'entonnoir renversé s'ouvrent à la surface du sol. Sur cet emplacement, nous avons recueilli également de nombreux silex taillés, mais pas de pièces caractéristiques susceptibles de nous permettre d'attribuer cette industrie à l'une ou l'autre époque de la chronologie préhistorique. Hache polie en diorite, rive gauche de l'oued Aggaï, à la hauteur du fort Prioux, dans les puits ou silos néolithiques. Un peu en retrait des ruines, sur la pente orientée au Nord-Ouest, le ravinement des pluies a décapé la surface du sol calcaire et ainsi on remarque très apparents une dizaine de cercles noirâtres. A l'examen, nous avons constaté qu'il s'agissait de puits ou de silos entièrement comblés de débris organiques, de céramique grossière, d'ossements animaux, de silex taillés et de nombreux outils polis, notamment des haches en diorite (fig. 1) et des brunissoirs en même matière. Ce qui nous permet de les attribuer à la culture néolithique. Nous avons dû nous borner à n'effectuer, dans la plupart de ces gisements, que de rapides sondages, le temps nous faisant défaut. Mais nous pensons qu'il est important de signaler nos observations personnelles afin que des recherches méthodiques puissent un- jour y être entreprises.<o:p></o:p>

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