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Cimetière au douar
Le clos n’a pas de borne, et ne l’orne une fleur<o:p></o:p>
Ni ne l’ombre un oponce, et nul corbeau n’anime <o:p></o:p>
Les tumulus sans nombre au dortoir anonyme<o:p></o:p>
Qu’incinère en sa morgue un chergui fossoyeur.<o:p></o:p>
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Rare, un bouc, roux, passant, galeux, rapide, y paît<o:p></o:p>
Un chiendent, pleutre et ras, qui rôde autour des tombes,<o:p></o:p>
Et de sa fourche éboule les tertres qui tombent<o:p></o:p>
Aux sables morts et coulent dans leurs plis épais. <o:p></o:p>
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Torve, un cerbère borgne hante au marabout,<o:p></o:p>
Bot, qu’un vieux jeûne saure, et des jeunes qui jouent,<o:p></o:p>
Le saut pusillanime, et, le morne à la joue, <o:p></o:p>
La balle veule, lorgnent au hideux hibou.<o:p></o:p>
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Des talibans, le soir, prostrés sur leurs talons,<o:p></o:p>
Psalmodient l’ordalie sur la lie de la terre ;<o:p></o:p>
Jusqu’au lugubre appel à l’ultime prière,<o:p></o:p>
Leurs chèches déprimés cernent les mamelons. <o:p></o:p>
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Je sais hélas qu’alors un torride étouffoir<o:p></o:p>
Couvre, obscène amouroir, des noces délétères :<o:p></o:p>
D’informes nues sinuent, desquamées des suaires,<o:p></o:p>
Et des râles balafrent, livides, l’air noir.<o:p></o:p>
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Car, sur un renflement par mes ongles rasé, <o:p></o:p>
J’y pus, morbide agape, accaparer ma Maure :<o:p> </o:p>
Fort, son relent se mêle à la poussière encore<o:p></o:p>
Où, seul, dans mon lin blanc, fat, je m’use à muser.
Auteur: froissart
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Extrait de L'Eloge de l'opaque ellipse (Maurice 2003 - 190 pages). Reproduction interdite.</o:p>
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