Un soir, très tard, dans les années 70, deux Yazghi que je connais bien rentraient chez eux après avoir passé une longue soirée dans la minuscule boutique de mon vieil ami L..., tout en bas de Derb Igagra.
En arrivant devant l'ancienne place du souk, à l'un des rares endroits éclairés à l'époque, l'un d'eux s'arrêta brusquement.
"Qu'est-ce qui t'arrive?" lui demanda l'autre.
"Ben, tu ne vois pas? On ne peut pas passer..."
"Comment ça, on ne peut pas passer? Il n'y a rien, là, nous sommes sur la route!"
"Non, on ne peut pas. Attention, n'avance pas, tu vas te blesser."
La conversation se poursuivit, l'un refusant d'avancer, l'autre disant que rien ne faisait obstacle.
Le bruit réveilla le gardien Bouazza, qui vint se rendre compte de ce qui se passait.
Chacun expliqua le problème.
Le gardien finit par demander à celui qui ne voulait pas avancer de lui montrer précisément ce qui l'empêchait de passer. Et celui-ci désigna...l'ombre d'un poteau électrique qui barrait la route. Il fallut lui faire faire un détour par les boucheries du souk pour que les deux amis pussent rentrer à El Kalaa.
Inutile de vous dire ce qu'il y avait dans les nombreux cafés qu'ils avaient bu chez L... ou dans les cigarettes qu'ils avaient fumées en jouant à la ronda...
Auteur: froissart
Belle histoire de mon cousin Patryck, qui reflète l'image des années "Hippies"