• KHALI (oh! pardon) TOUMI (eh! ne m'interdis pas tout de même d'écrire ton nom en majuscules)

    En traitant le sujet du souk, tu m'as rappelé un souvenir qui a rapport avec les mercredis et dimanches. Ces jours me font penser à une musette (mozett en arabe du bled) vert olive, crasseuse du fait des quantités d'huile qui s'y sont déversées quatre années durant. Cette sacoche dans laquelle feu mon père ALLAH YRAHMOU m'apportait, ou m'envoyait, deux ou tois grandes galettes (d'AL FARRAH) de pain d'orge et une petite bouteille verte (de limonade POM'S, tu t'en rappelles?) pleine d'huile d'olive, avec un épi de mais (qôrta) comme bouchon. Ce colis, je devais aller le chercher chaque jour de souk à la petite bâtisse située à l'extrémité de la rangée d'étals de bouchers au centre du village, et qui faisait office de "bureau des chioukhs" de Béni Yazgha, où mon père ou son émissaire, me le déposait. Des fois, la MOZETT n'arrivait pas, pour cause de pluie ou de neige surtout, et c'était la catastrophe. Que faire alors? C'était la fameuse CHA3RIA (vermicelle) qui sauvait la situation, avec les pommes de terre et carottes que nous piquions parfois, dans vos champs, vous les "AHL EL MENZEL ET LAKLOUE", pour deux ou trois jours de suite...

    Auteur: mghili

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    Le récit de tes souvenirs _ mon cher _ Mghili, m'a fait penser à tous les autres éléves comme toi qui venaient étudier à El Menzel ! Je voyais encore Ahl Zawia qui venaient à bicyclette chaque matin, qu'il pleuve ou qu'il neige! Ahl Alkasba ou Ahl Sraghna ! Ahl Mtarnagha arrivaient en retard,voire manquaient les cours à cause de Chmounda qui était en collère et qui les empêchait de traverser ! J' avais beaucoup d'admiration,de compassion et de commisération pour vous tous! Je rends hommage au courage de tous les anciens camarades de Ahl Barra,qui n'étaient que des adolescents et qui pourtant se debrouillaient comme des grands.

    Certains habitaient chez nous et je sais de quoi je parle! Vous aviez du mérite! Je sais que la situation était très pénible et très difficile pour nous tous, mais pour vous, c'était encore pire ! Tu me demandais si je me souvenais de " l'office " du Bureau de Chioukhs ".

    Evidemment!

    C'est celui qui était à côté de l'ex-abattoir "ALGOURNA " !

    Le temps coule et nous passons,et ne reste qu'un souvenir!

     Auteur: toumi10

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    Cher Toumi,

    Je te remercie pour ta compassion antérieure pour nous, les "AHL BARRA". Tu sais, notre passage à El Menzel, à un âge aussi critique que celui des premières années de l'adolescence, livrés à nous mêmes sur tous les plans, a eu son effet sur nous. Le bizutage précoce auquel nous avons été soumis nous a bien façonnés. Cette épreuve, comparable à l'opération de "la sélection naturelle" qui se fait dans les sociétés primitives, a scellé le sort de tout un chacun; les bonnes graines ont germé et donné le fruit et, les autres ont fini dans le tout-venant que l'on donne au bétail. El Menzel était pour nous une aventure où nous devions passer ou trépasser. Il n'y avait pas d'alternative.

    Nonobstant la dureté de la vie et les conditions d'étude peu favorables, nous avons connu des moments plaisants à El Menzel, car le bonheur ne réside pas toujours dans la qualité des mets que l'on mange ou dans la somptuosité du lit où l'on couche. Nous avons manqué certes de moyens materiels comme la quasi-totalité des Marocains de l'époque, mais nous avons eu le privilège d'affronter la vie et ses affres très jeunes. Ceci ne nous a pas été que négatif, dans la mesure où il nous a été permis de goûter à la liberté de vivre seuls, loin de l'emprise des parents et de leurs ordres coercitifs, qui vous obligeaient parfois à executer des travaux d'Hercule. Nous avons aussi profité de notre plein temps, les jours sans classes et, même parfois les autres, à jouer aux cartes (la fameuse RONDA) jusqu'au petit matin, avec comme enjeu, le prix du dîner, généralement une épaisse MAAQOUDA à deux ou trois dirhams (l'oeuf coûtait au plus 10 centimes de dirham, soit jouj rials).Les perdants se retrouvaient le lendemain, et pour plusieurs jours, sans le sou. Nous avons même goûté au MAAJOUN et au SEBSI, et j'en passe. Nous avons fait des folies que l'on ne pouvait pas se permettre tout près des parents. Oui, nous avons fait tout cela. Et moi personnellement, je ne le regrette pas beaucoup. Bien sûr, j'aurais aimé être à l'époque à Fès, Rabat, Casablanca, voire même à Paris, dans un petit palais, et pourquoi pas un très grand, bien entouré, pour pouvoir devenir par la suite un... un...euh! quoi au fait? Je ne trouve rien. Ministre dites-vous? Oh! non. Vous blaguez là!. Eh oui! évidemment vous avez raison. Ne sommes-nous pas les premiers habitants de Fès? d'où nous avons été chassés? Ah! si nous y étions restés! je vous laisse deviner la suite. Je délire là. Ne me prenez pas au serieux. C'est l'effet du MAAJOUN et du SEBSI que j'ai pris à El Menzel en 1966 qui me remonte à la tête. C'est féerique, Ouallah, un petit coup de rêverie de temps à autre...

    Auteur: mghili

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    Mghili, tu nous as parlé de tes souvenirs d'éléve quand tu étais à El Menzel !! Tout ce que tu as dit est vrai !!! Vous Ahl Barra, vous aviez l'avantage de faire "la grasse matinée ", de jouer aux cartes, de vous amuser, le jour où on n'avait pas école, alors que nous, nous devions aider les parents pour irriguer, biner, ramasser l'herbe pour le bétail, garder les bêtes, ramasser les légumes et les préparer pour les vendre le jour du Souk, autrement dit, aider les parents dans le quotidien, et le soir il fallait réviser et apprendre ses leçons, se débrouiller pour faire ses devoirs car les parents ne pouvaient pas nous aider comme nous les aidions à faire les travaux des champs! Donc il fallait aussi bien travailler à l'école, sinon on avait droit à un sermon! Par contre lorsqu'on rentrait à la maison, il y avait un tajine, ou un bol de soupe tout chaud! sans oublier la tendresse et la chaleur d'une maman, qui mettait en oeuvre tout ce qu'elle pouvait pour nous remonter le moral et nous réchauffer le coeur! Je rends hommage à ma mère et à toutes les autres mamans car elles ont beaucoup de mérite, sans oubier le rôle des papas qui etait capital, car sans leurs efforts énormes, on n'aurait jamais réussi! Je pense également à ceux que le destin a selectionnés et sanctionnés pour ne pas leur donner une vie meilleure! Je trouve que c'est injuste, car certains méritent beaucoup mieux que ce que cette vie leur a offert !!!

    Donc, Cher Mghili, c'était l'école de la vie !!! Elle nous a donné de bonnes leçons et on s'en sert tous les jours !!! Comparativement à nos enfants qui pensent tout savoir et tout comprendre !!! Eux qui sont à deux mètres de l'école et qu'il faut amener et ramener en voiture, eux dont il faut écouter les caprices, comprendre les besoins, eux qu'il faut aider pour les devoirs, à qui il faut payer des cours de tous genres de sport, offrir tous les instuments de la technologie moderne, sinon nous sommes des vieux qui ne comprennent rien! Conflit de générations! Et le pire, c'est qu'on accepte! Peut-être que pour nous c'est une thérapie: " donner à nos enfants ce que nous, nous n'avons pas eu: le meilleur de nous-mêmes!

    Auteur:
    toumi10


    7 commentaires
  • Ce que je trouvais génial mais hélas qui a disparu depuis, dans les années 95, c'était le terrain de foot à côté de la maison de la jeunesse où tous les dimanches après midi juste après la fin du SOUK, s'organisaient des matches de foot, et divers tournois avec la fameuse équipe "Equipe de détail" et bien d'autres.

    Auteur:
    baarab4

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    Tu regrettes la disparition du terrain de foot... moi aussi j'ai gardé des souvenirs de ce terrain, on se disputait souvent avec Alh El Menzel à la fin de chaque match! Ils voulaient toujours gagner mais nous Ahl Al kalâa on ne se laissait pas faire! Tu vois Baarab: ça n'a pas changé de ce côté! Toi qui me parles de tes accrochages avec Ahl Touama!

    Moi, je ne regrette pas seulement la disparition du Terrain de foot ; mais je regrette aussi celle de la piscine! C'est là que j'ai appris à nager, à me distraire et à passer de bons moments avec mes amis; c'était le seul endroit où on s'éclatait entre amis! Quelquefois on y allait le soir après la fermeture, ou entre midi et 14h car on n'avait pas les 30 centimes de dh pour acheter un ticket d'entrée. Souvent les Mokhaznis nous voyaient et ils nous couraient derrière pour nous attraper; mais on était plus rapides qu'eux! Là je m'adresse à Mghili pour lui dire que je me souviens tès bien de l'histoire triste de El Kebir, mordu par un petit chien, et décédé quelques jours plus tard! On ne savait pas que le chien avait la rage! Je vois toujours le visage souriant D'El Kabir, car il était un gentil garçon! Je connais la famille chez qui il habitait! Il était chez sa soeur!

    Auteur:
    toumi10


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  • Une petite énigme:

    Comment surnomme-t-on la personne qui transporte des personnes de mghila à el menzel en un temps record ?

    Si tu trouves, mahandé mansalek!

    Auteur: zak31


    2 commentaires
  • salam alaykkoum jamiâne
    Que de souvenirs, qui sont devenus agréables avec le temps !! car à l'époque, ce n'était pas toujours le cas ! Cher mghili , tu me rappelles des "mottes à casser et de ne pas manger les oranges " moi je te réponds que BAHTATE laissait sortir ses vaches dans la cour du collège le Mercredi aprés -midi et le week-end ; et lorsqu'on devait faire le sport, Dounas et Barkia étaient fous de colère en disant: " Ou sommes -nous ? dans un collège ou sur le toit de Kafazrou?"  car il y avait des bouses de vaches partout!!! .
    Je me rappelle également lorsque Kaswara avait demandé à Ould zhini d'aller lui acheter " ôud athikabe" .
    Ould zhini a fait le tour de tous les commerçants d'EL Menzel en leur demandant oud athikabe mais en vain ! De retour, il a annoncé à Kaswara qu'il n' avait trouvé nulle part oud athikabe !!!
    Kaswara s'est mis en colère en lui lançant: " Comment ! il n'ya plus de LOUKIDE ( allumettes ) à El Menzel ? "
    Ould zhini a repondu: " Aaoustad kolli loukide" !!!!
    Tu te rappelles également lorsque Si Lhoucine a acheté sa Simca Ronde? Il est parti faire un tour avec Kaswara coté Sefrou, et à un moment donné,  Si Lhoucine a manqué un virage et ils se sont retrouvés dans le fossé sans aucun mal heureusement !
    Kaswara est sorti de la voiture, et s'est adressé à Si Lhoucine en lui disant ; ALM AKOL LAKA IYAKA WALMIKWADE !!!!
    Auteur: toumi10

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  • Bonjour

    J'ai une grande envie de vous parler de cet endroit très cher à notre coeur pour nous tous et ainsi d'exprimer le sentiment de ma reconnaissance envers cet Etablissement: car sans lui, certainement je ne serais pas là en train de griffonner ce texte en Français . Nous devrions tous produire un témoignage de gratitude envers notre collège .

    Pour ceux et celles qui ne connaissent pas l'histoire de cet Etablissement, je vais essayer de faire de mon mieux pour vous raconter un petit peu de ce que je sais: à savoir que pendant l'époque d'Ould Al hayani, il n'y avait qu'une Ecole primaire où nos parents ou aïeux ne pouvaient rester " que jusqu'en classe de CM2". Ensuite Ould al hayani les envoyait garder les cheptels d'ovins ou de bovins pour les Fassis et préparer le méchoui pour les Français . Il fallait être chanceux pour atteindre le Cm2. Pour ceux qui n'avaient pas cette chance, c'était l'ignorance garantie. Et "les bons conseils" d'Ould Al Hayani poussaient nos grands parents à "corrompre" ce caid de malheur pour que nos parents stoppent leurs études de crainte qu'un jour l'éducation et le savoir leur donnent des ""mauvaises idées ""!!! .Voilà une grande explication de l'illettrisme et de l'analphabétisme de nos anciens . Il fallait donner de l'argent au Caid pour que les enfants ne mettent pas les pieds à l'école !!!!?.

    Vu l'arrogance d'Ould Al Hayani, et le pouvoir qu'il exercait  (il voulait se comparer avec les Grands de son époque . Le Glaoui avait des chateaux partout et lui il en n'avait pas) il décida de construire la plus belle demeure de la région , pour ne plus avoir rien à envier au Pacha de Marrakech . Une fois que la maison fut terminée - après qu'il eut fait travailler pour des prunes , sans vergogne et sans scrupule, toute la population de la Tribu - l'indépendance du Maroc fut proclamée . Tout ce qui restait à Ould alhayni , c'était de prendre la fuite de crainte d'être pendu - comme ce fut le cas pour d'autres Caids ailleurs - et sans avoir habité un seul jour dans la maison de ses rêves.

    Aprés l'indépendance la vie commença à s'organiser et la présence d'un collège devint indispensable dans la région ; car le plus proche était celui de Sefrou . Tahla et Ahermoumou le réclamaient également et ils voulaient qu'il soit chez eux . Au cours des discussions entre les responsables D'El Menzel, de Tahla, d'Ahermoumou et les représentants de l'Education Nationnale, les Menzlis mirent sur le plateau de la balance l'existence d'un Etablissement prêt à fonctionner où il ne manquaient que les professeurs, alors que chez les autres il fallait un gros budget pour construire les bâtiments d'un collège. Du coup le plateau de la balance pencha en faveur D'El Menzel . C'est ainsi que Ould Al Hayani avait construit un Collège sans le vouloir et sans le savoir, et ce n'était que justice rendue à la Tribu.

    Qui parmi nous ne se souvient pas de ces grands portails imposants, et impressionnants du Collège !!. Lorsque j'ai eu la chance de passer sous le porche pour la première fois et que je me suis trouvé, après quelques pas, à l'interieur; j'avais l'impression que les portes du paradis souvraient et que je me trouvais, subjugué, dans le jardin de l'Eden !!.Des orangers, des beaux rosiers, des jets d'eau, une piscine, et au fond à droite mon regard fut attiré par des grands pilliers, reliés les uns aux autres par des arcades magnifiques, couverts de mosaiques et de sculptures...Une très belle terrasse, entourée par des fenêtres et un portail où le sculpteur-artisan Marocain avait montré tout son savoir faire . Derrière ces énormes portails se trouvait une trés grande salle splendide . C'était la salle de réception où Ould Al Hayani rêvait d'accueillir ses hôtes et pensait vivre les Mille et une Nuits.

    De cette salle j'ai gardé un souvenir . Un souvenir qui m'a marqué pour toujours . C'était un soir ou il devait avoir une conférence -débat sur un thème que j'ai complétement oublié ; la plupart des éléves étaient présents ce soir; car ce genre d'événements était trop rare au collège. Les deux professeurs qui devaient mener la conférence étaient les deux professeurs d'Arabe : Alhanch et Hamid. Il faut dire qu'ils ne s'aimaient pas beaucoup entre eux, et chacun voulait montrer ses capacités intellectuelles. La soirée tant attendue et qui devait être un plaisir pour nous tourna vite au vinaigre. Heureusement, d'autres professeurs qui étaient présents les séparèrent, sinon il y aurait eu une belle bagarre . Ce qui nous a fait rire nous les éléves, c'est qu'ils s'insultaient entre eux en arabe littéraire . C'était marrant !!.

    Le lendemain on ne parlait que de ça, et pourtant mon cher Mghili ces deux bagarreurs n'ont pas été punis ; et n'ont pas reçu deux heures de colle, et Chabbat , le jardinier, ne s'est pas risqué à leur dire : "Cassez les mottes , et ne mangez pas les oranges !!".

    <o:p>Auteur: toumi10 </o:p>


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