• Un vérérinaire yazghi, basé à Ahermoumou, officie dans toute la région. Sa fonction et ses attributions sont capitales dans nos zones rurales.

    Notre ami Sandawi l'a suivi lors d'une de ses interventions:


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  • Sur les deux photos ci-dessus apparaît à droite M. Roger Lallemand, qui a enseigné au collège d'El Menzel de la fin des années 60 au début des années 70.
    Photo prise en décembre 1969 à Bou Izakarn.

    M. Alain Levallois, professeur à El Menzel dans les années 70:

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  • Hommage à notre défunt Cheikh Tayek 

    Il est des personnages qu’on n’oublie jamais et auxquels c'est toujours un honneur de rendre hommage.
    Ahmed Tayek de son nom, Lajoudane de son pseudonyme, était le chekh de la municipalité d’El Menzel.
    Il était de cette grande famille d’Oulad Amrane de Kal3at Beni Youssef.
    Avant que l’administration ne le charge de la fonction de cheikh, il était retraité de l’armée française. Il était de ces gens simples que la renommée n’intéresse pas. Il était chef de famille exemplaire intransigeant sur les principes, sobre dans ses discours, dans son habillement et dans son mode de vie. Il rédigeait ses rapports, ses attestations en français. Il avait un très bon style. Face aux autorités, il était indomptable. Souvent, il avait des altercations avec les gens du mekhzen : caid, khalifa, gendarmes qui voulaient l’utiliser à des fins personnelles. Il était incorruptible ce qui lui causait pas mal de tracas.

    Un jour, je lui avais demandé un certificat de prise en charge de mes parents pour le verser dans un dossier de mutation. Alors de son air direct, il m'a dit : « Si ton père m’avait demandé ce certificat je le lui aurais donné sans hésiter. Mais t’en donner un à toi serait une offense pour ton père. »
    J’étais très content de sa réaction: il était si grand à mes yeux! Je l'ai remercié et nous n’en avons jamais parlé.
    Il n’avait pas de bureau. Il prenait place sous un arbre, avec du papier ordinaire et un stylo à bille à la main, et il répondait sans façon aux demandes de tous les citoyens. Une fois son travail accompli, il revenait chez lui, s’armait de sa pioche, de sa pelle ou de sa fourche et se dirigeait vers son champ pour remuer sa terre et irriguer sa parcelle de légumes, ou, comme tout le monde,  il prenait son café chez Moulay Lhoussin ou chez 3abro9. Il n’avait pas de bernousse blanc ou de jellaba bziouiya, il portait toujours un pantalon du bled (serwal batcheka), une chemise kaki, un turban modeste et une jellaba grise qu’il mettait souvent sur son épaule. 

    Ahmed Tayek mérite mieux que ce petit hommage car il était de ces yazghis qui ont gardé leur réputation intacte. Un grand livre serait insuffisant pour parler de ce grand homme. J'appelle tous ceux qui l’ont connu à apporter leur témoignage. 

    Auteur: 
    Fandlaoui


    C'est avec beaucoup de tristesse que j'ai appris le décès de notre ancien "Cheikh Attayek " .
    C'était un homme droit, honnête, exemplaire: même ses ennemis ne pourront pas dire le contraire.
    Je garde de lui le souvenir d'un homme intransigeant, même avec lui-même, mais juste.
    Mon cher Fandlaoui, tu as tout dit et il ne me reste qu'a présenter toutes mes sincères condoléances à toute sa famille . 

    Un jour Dounas, l'ancien professeur de sport, qui habite actuellement aux Etas-Unis, lui demanda un certificat de résidence attestant qu'il habitait à Touama. Cheikh Attayek lui refusa ce certificat en lui disant que son lieu de résidence était en Amérique et pas à Touama.
    Dounas, vexé et en colère, demanda audience au Caid pour se plaindre de l'attitude de Mr Attayek. Le Caid appela notre Cheikh pour lui demander de délivrer ce certificat à Dounas. Le Cheikh s'adressa au Caid en ces termes : "Si vous voulez le faire vous- même, faites-le , et prenez-en toute la responsabilité car moi je ne le ferai pas". Dounas est reparti sans avoir ce certificat, et je ne pense pas qu'il est prêt à oublier cet affront qui lui a été infligé par notre Cheikh Attayek . 

    Auteur: 
    toumi10


    Je m'associe au deuil. Qu'il repose en paix! 
    Monsieur le Cheikh Tayek était dans l'armée française, effectivement, de la même promotion, chers Menzli, EncoreUnYazhi et Oulamine, que votre oncle Si Lhajj Ahmed. Ils se connaissaient bien. 
    Que son souvenir ne se perde pas, et qu'il serve d'exemple aux jeunes générations!

    Auteur: froissart




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  • Ali Chadli comptait apparemment parmi les notables de la tribu, du moins du rba3 lousti, c’est-à-dire El Menzel et laklou3. C’était vers les années vingt, puisque feu mon père qui m'a conté cette histoire et qui est né aux environs de 1912 avait à cette époque neuf ou dix ans. 
    Les Français avaient beaucoup de difficultés à asseoir leur autorité sur la région. Mghila par exemple n’était pas encore pacifiée à cette époque. 
    Ali Chadli avait été convoqué à la caserne d’El Kouchla au-dessus de ain kbir. Un officier français était venu le chercher. Ali Chadli enfourcha son cheval et suivit l’officier. En chemin, une dispute éclata entre les deux. L’officier traita Ali Chadli de crasseux. Ce dernier épaula son fusil ( bouchfar) et tira à bout portant sur le Français qui tomba raide. Ali Chadli s’enfuit. Quelques heures après, l’armée française commença à bombarder son village. Des traces de mortier encore apparentes sur les murs de Bnichou témoignent de la résistance de ces murs (épais parfois de deux mètres à la base) et de la faiblesse du mortier de l’époque. Toute la famille des Chouadel quitta le douar pour Mghlila, la nuit, et tous les Beni Yazgha couvrirent leur fuite. Ils emmenèrent tous leurs biens transportables (bétail, denrées alimentaire et tout). Tous les membres de la famille furent accueillis par les Yakhlef de Mghlla. Ces derniers leur offrirent « un moulin à olives ». L’autorité française procéda à la confiscation de tous les biens fonciers des fugitifs. Des terrains et des jardins ont été achetés par des proches des chouadel non pas pour les acquérir définitivement, mais juste pour les garder jusqu'à leur retour. Actuellement certaines familles ont des problèmes de titres de terrains car à leur retour les chouadel n’ont pas réglé leurs papiers juridiquement.

    Auteur: 
    Fandlaoui

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  •  

    Avant son investiture en qualité de Sultan du Maroc en 1757 Sidi Mohamed Ben Abdallah, Gouverneur de Marrakech, Draâ et du Soudan augmenta en 1753 les droits de douane et organisa le commerce extérieur d’une manière plus rentable. Le 28 août 1755 il assigna à une amende de 30.000 piastres35, les commerçants chrétiens qui ne s’acquittaient pas des droits de douane dus au makhzen au port de Salé. En 1762, pour simplifier les opérations de perception des droits et taxes douaniers et éviter les détournements de ses droits, la gestion du port d’Agadir fut confiée à un certain Benyechou, moyennant 20.000 piastres. Ce dernier fit montre d’un abus de confiance vis-à-vis du makhzen qui ne manqua pas de le châtier sévèrement en lui coupant les deux mains.

    Extrait de:  L'amana des douanes

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    Je reviens un peu sur l'exposé de notre ami Fandlaoui que j'ai trouvé fort intéressant même pour les kalâoui. Il a cité le nom de certaines personnes qui ont marqué l'histoire de Oulad M'hamed mais il a oublié le nom le plus important et le plus connu - pas seulement à El Kalâa - un nom qui a dépassé les frontières des Beni Yazgha. On le trouve même brièvement dans l'histoire du Maroc. Il était contemporain du Sultan Moulay Ismail qui a régné sur le Maroc de 1672 à 1727. Il s'agit du Caid Benichou. Benichou habitait Oulad M'hamed, et sa maison était là où Ould Massou et Chadli ont construit la leur. C'est Benichou qui a construit le minaret de Oulad M'hamed ainsi que celui d'El Menzel. C'était un personnage cruel, impitoyable, mais un bâtisseur. Il paraît qu'il avait un pouvoir étendu jusqu'à Marrakech. Je ne vous le confirme pas mais je ne vous répéte que le témoignage des anciens. Souvent on répétait chez nous que telle ou telle construction datait de l'époque de Benichou. Pendant la construction de certains monuments, si par malheur un ouvrier ne tenait pas la cadence et s'effondrait de fatigue, on le piétinait et on continuait le travail! Par exemple le village des Bni Aâlahame à côté d'Ahermoumou: en réalité on les appelait Bni Aâlihim (c'est-à-dire construire sur eux!),  pour montrer la cruauté de Benichou. Une légende qui a beaucoup de vrai raconte que Benichou aurait enlevé une fille de Moulay Ismail, l'aurait tuée plus tard et l'aurait jetée dans un puits. Il faut dire que Moulay Ismail aurait eu 500 enfants et que, certainement, il n'aurait même pas remarqué qu'il lui manquait même une dizaine de filles !

    Auteur: toumi10 

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    A mon avis, il ne s'agit pas du même Benichou. Les dates ne concordent pas d'une part, et notre caïd Benichou n'a pas eu les deux mains tranchées...

    Auteur: froissart 

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    Annexe: 
    BENICHOU : c’est un nom berbère dans lequel ben est une arabisation de aït (le fils). Il renvoie à la tribu des Aït Ishou vers Meknes. Autre origine possible, hébraïque celle là : ben (fils) de Yehoshoua (Josué), fils de Nun désigné comme successeur de Moïse (cf. bible : Nombres 13,8.16).

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    Les Zemmour. Essai d’histoire tribale<o:p></o:p>

    Marcel Lesne - Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée  - Année  1967 -Volume  4 - Numéro  4 - pp. 31-80<o:p></o:p>

    Le caïd Ba-Ichchou et les Beni-Yazgha<o:p></o:p>

    1°) Soumission.<o:p></o:p>

    Les Zemmour campaient au début de la dynastie alaouite, dans la partie du pays occupée actuellement par les Bni-Mguild, c’est- à-dire le territoire s’étendant depuis Azrou — Âïn-El-Leuh jusqu’à la Haute Moulouya et les contreforts Ouest du Jbel Âyachi. Déjà les Aït Idrassene, refoulés jusqu’au pied du Jbel Âyachi, puis bloqués par les garnisons de Moulay-Ismaïl, avaient dû demander leur soumission, remettre leurs armes et leurs chevaux, soigner des troupeaux pour le compte du Sultan226. Aussi l’attitude des Zemmour, moins enfoncés encore que les Aït-Idrassene à l’intérieur du pays, n’est-elle pas surprenante, lors de la grande expédition de 1688 (H. 1099) entreprise par le sultan contre les habitants du Fazaz. Les premières tribus qui vinrent lui apporter leur soumission furent en effet les Zemmour et les Bni-Hakem ; cette attitude permit à leur chef Ba-Ichchou-El-Kebli d’être confirmé dans ses fonctions de caïd par Moulay-Ismaïl. Ba-Ichchou fit même preuve de zèle puisque, non seulement il livra les armes et les chevaux de ses guerriers, mais alla jusqu’à ramasser leur argent et le remettre au Sultan qui se trouvait à ce moment là dans la plaine d’Adekhsan. « ô notre maître, répondit-il à Moulay-Ismaïl qui s’étonnait de ce zèle, si vous voulez garder leurs intérêts et les vôtres, et si vous leur voulez du bien, je n’ai pas fait autre chose pous vous et pour eux. Mais si vous vous conduisez autrement à leur égard, ils vous lasseront et se lasseront eux-mêmes. Pour moi, je me suis borné à les purifier des biens illicites afin qu’ils s’occupent dorénavant de posséder des biens licites, qui enrichissent et qui améliorent » 227. Sachant se résigner à l’inévitable, le caïd des Zemmour proposait ainsi plus que la soumission et espérait tirer parti d’une situation imposée par la force.<o:p></o:p>

    2°) Coopération.<o:p></o:p>

    Ba-Ichchou-el-Kebli, originaire de la fraction Aït-Ichchou des Kabliyine (Zemmour) 228, maintint jusqu’à sa mort (1692), les tribus Zemmour et Bni-Hakem dans l’obéissance au Sultan229. Son fils Abou-1-Hassan-Âli-Ben-Ichchou reçut de Moulay-Ismaïl le commandement de ces mêmes tribus. Avec lui commença l’extraordinaire fortune de cette famille dont le destin connut des périodes extrêmement brillantes.<o:p></o:p>

    En 1693 (H. 1104), lors de l’expédition de Moulay-Smaïl contre les Berbères Aït-Oumalou, Aït-Yafelmane et Aït-Isri, Âli-Ben-Ich- chou reçoit le commandement d’une des trois colonnes destinées à investir la montagne berbère. Les Zemmour ne sont d’ailleurs pas les seuls à se trouver contre leurs frères : les Aït-Immour, appartenant à la Confédération des Aït-Idrassene, sous le commandement du caïd Âli-ou-Barka, exposés eux aussi aux coups du Makhzen et ne pouvant compter sur l’appui des tribus berbères de l’Atlas Central pour lui résister, se trouvent dans l’obligation de se soumettre et de participer à l’action de Moulay-Ismaïl. Mais Âli-Ben-Ichchou, qui jouit de la confiance du souverain, se voit confier un rôle particulièrement important. Il concentre ses troupes à Aïn-Choua 230 et reçoit les contingents du Todrha, du Ferkla, du Kheriss et des Arabes Sebbah du Tafllalelt, levés sur l’ordre de Moulay-Ismaïl. En outre, l’artillerie impériale traînée par des esclaves chrétiens, rejoint également les troupes rassemblées en Haute Moulouya. Effrayés par le bruit des canons auquel ils n’étaient pas habitués, les Berbères se heurtèrent dans leur fuite aux troupes du Sultan qui les taillèrent en pièces, et subirent une déroute complète. «Les hommes furent tués, écrit En-Nasiri avec emphase, les femmes et les enfants faits prisonniers; les effets pillés; les animaux, les bestiaux enlevés; les chevaux et les armes pris comme butin. Le combat et le pillage durèrent trois jours pendant lesquels les soldats allèrent rechercher les Braber çà et là, dans les ravins et les vallées, et les faire sortir des grottes et des cavernes » 231. Les trois chefs de colonne 232 les caïds Msahel, Âli-Ben-Ichchou et Âli-Ben Barka, sur l’ordre de Moulay-Ismaïl rassemblèrent, dit la chronique, plus de 30 000 fusils, 10 000 chevaux et 12 000 bêtes, qu’ils apportèrent à leur maître 233. Dépourvus d’armes et de chevaux, les Berbères de la montagne sont ainsi réduits au calme et à l’obéissance, pour quelque temps. Le Sultan décide alors de châtier les Guérouane qui brigandaient dans le Ziz, entre la Moulouya et le Kheneg, sur la route de Fès à Sijil- massa. « II convoqua Ali-Ben-Ichchou, poursuit En-Nasiri, lui donna 10 000 cavaliers et lui dit : « je ne veux plus te revoir tant que tu ne seras pas tombé sur les Guérouane et que tu ne m’auras pas apporté autant de têtes qu’il y en a ici 234 ». Le caïd des Zemmour partit aussitôt (1694) avec ses cavaliers et exécuta parfaitement les ordres de son maître, puisqu’il rapporta autant de têtes que l’expédition précédente avait permis de rassembler. Il avait, pour ce faire, usé à la fois de bravoure et de ruse; les Guérouane, vaincus et ayant- subi de lourdes pertes se dispersèrent dans la montagne, frustrant ainsi leur vainqueur des gages de sa victoire; Âli-Ben-Ichchou fit alors annoncer dans toutes les vallées que quiconque donnerait asile à un Guérouani serait mis à mort et que celui qui apporterait une tête de Guérouani recevrait 10 metqals. « Tous les Guérouani, écrit En-Nasiri, eurent la tête coupée par ceux chez qui ils s’étaient réfugiés et les têtes furent apportées à Âli-Ben- Achchou. Les recherches continuèrent dans les maisons et dans les tentes, jusqu’à ce qu’il eut atteint le nombre de têtes qu’il lui fallait. Il donna seulement un mitsqal aux gens qui lui apportaient une tête et en rapporta lui- même 12 000 au Sultan » M5. Ainsi collectées, les têtes furent rapportées à Meknès et accrochées à côté des autres sur les remparts de la ville.<o:p></o:p>

    Âli-Ben-Ichchou reçut la récompense de ses services. Toutes les tribus nouvellement soumises, Aït-ou-Malou, Aït Yafelmane, furent encadrées par des caïds Makhzen et placées sous son autorité. Le chef Zemmouri commande ainsi à tout le Moyen Atlas et la Haute Moulouya.<o:p></o:p>

    3°) Puissance du caïd Âli-Benichchou<o:p></o:p>

    Le caïd Zemmouri possédait une résidence dans le quartier dit « Médinet-er-Riyad », la ville des jardins, à Meknès, où tous les grands de l’Empire faisaient édifier leur demeure. Elle contenait, d’après En-Nasiri 236 « vingt-quatre enceintes commandées par une seule porte ». Les palais ainsi construits dans cette partie de la ville constituaient souvent, en effet, de véritables quartiers et chacun possédait sa propre mosquée.<o:p></o:p>

    Âli-Ben-Ichchou ne semble pas avoir été seulement un puissant gouverneur, le Sultan lui confiait aussi des missions importantes. J. B. Estelle, dans ses mémoires, rapporte un fait précis qui témoigne de la confiance du Sultan et de l’importance du personnage; lors du siège de Ceuta, en 1695, par les troupes de Moulay-Ismaïl, une place d’armes avait été conquise par Âli-Ben-Âbdallah, leur capitaine, lorsque < les Espagnols deux heures après, firent une sortie de Seauté et chassèrent les dits Mores de cette dite place d’armes avec une perte très considérable de Mores, ce qui a extrêmement abattu le cœur du Boy et l’a fait résoudre d’envoyer un de ses premiers alcaïds nommé Hally ben Ichou au dit Seauté, afin de voir l’état de cette place. Et en assure qu’iceluy a ordre de faire lever le siège et d’amener avec lui l’alcaïd Hally ben Adalla à Miquenez (Meknès) » 237.<o:p></o:p>

    Non seulement envoyé extraordinaire et tout puissant, mais encore super-intendant des bâtiments, tel nous le décrit Pidou de St. Olon dans l’Etat Présent, sous le nom, déformé, de Aly ben Jehou 238 : « II y a encore un autre officier qui est comme le sur-intendant des bâtiments, il s’appelle Aly ben Jehou; il a l’inspection et le soin de tous ceux que le roy fait faire à Miquenez, il en est si occupé qu’il passe quelquefois des semaines entières sans voir son maître et bien lui en prend d’être riche pour supporter l’extrême dépense de tous les matériaux, tant du dehors que du dedans, qu’il est obligé de fournir pour ces ouvrages; il est vrai aussi que son gouvernement qui contient tout le pais qui se trouve depuis Miquenez jusqu’à Tremcen est d’une grande étendue et d’un grand rapport, je suis cependant persuadé, quelle que soit son économie, vu les dépenses sans bornes auxquelles cet emploi le soumet, que la subsistance est tout le profit qu’il en retire au bout de l’an; il peut avoir 48 ans, il est moulatre (il a la peau foncée) et d’une grande et belle taille ; il a l’oeil vif, l’esprit aisé et les manières assez douces; les esclaves qui le voient tous les jours disent qu’il est bon homme et s’en louent fort, mais comme il s’adonne entièrement à son emploi, il ne se mêle aucunement des affaires de l’état ».<o:p></o:p>

    Le caïd Âli-Ben-Ichchou n’a pourtant laissé aucun souvenir en pays Zemmour : les vieux Zemmouris ignorent totalement le nom de ce puissant personnage qui commanda leur tribu 239. Trop grande ancienneté des faits ? Manque de contacts à l’époque entre les tribus nomades et leur chef devenu grand commis citadin ? C’est à l’étranger, en pays Bni-Yazrha, près de Fès, que nous trouvons le souvenir le plus vif du caïd Âli-Ben-Ichchou. El-Menzel fut en effet le lieu de résidence préféré de ce personnage; il l’avait choisi sans doute pour mieux surveiller la route de Fès à Sijilmassa. Tous les bâtiments importants de cette agglomération seraient, selon la tradition locale, l’œuvre de Ali-Ben-Ichchou. Son ancienne demeure existe encore, remaniée depuis et presque en ruines : de là il apercevait, dit-on, tout ce qui se passait aux environs; les collecteurs d’impôts convergeaient vers elle avec leurs mules chargées de pièces d’or ou d’argent et pénétraient, yeux bandés, dans ses immenses souterrains pour y déposer les fruits de l'« âchour » et du « zakat ». Une vieille légende prétend que ces souterrains existent toujours et certains habitants ont même perçu le bruit des douros entassés là depuis des siècles; mais personne cependant n’essaie d’y pénétrer, depuis qu’un imprudent fut frappé de folie après en avoir violé l’entrée. Âli-Ben-Ichchou aurait également créé de vastes jardins, consolidés par des remparts de soutènement encore debout de nos jours, et agrémenté sa résidence d’un bassin dont le sol était constitué par de la terre battue, imprégnée d’huile et d’œufs pour la rendre imperméable 240. Âli-Ben Ichchou possédait d’immenses propriétés dont les titres figurent encore dans les archives des Habous à El-Menzel; à sa mort il légua sa bibliothèque comprenant en particulier des œuvres de Sidi-El-Bokkari, à la mosquée d’El-Menzel où elles se trouvent encore. Il a laissé dans le pays la réputation d’un puissant seigneur jointe à celle d’un grand constructeur; il voulait, dit-on, réunir Mrila à Meknès par une muraille continue; les gens de Mrila (Bni-Alaham) tirent leur nom, selon la légende, de la punition infligée aux maçons défaillants que l’on enterrait dans les murailles même, au milieu du pisé. (« Bni-Âlihim », « construit sur eux ») ; sur le Sebou, à Mellaha, on montre encore les restes d’un barrage de retenue en terre, ainsi que des oliviers, vestiges d’une ancienne plantation prospère. A une quinzaine de kilomètres au S.E. d’El-Menzel, au douar Tarhit, le tombeau de Si-Boujida, un des 7 enfants de Ben-Ichchou, possède la propriété de guérir les maladies de peau; dans le même douar, il y a sept ou huit générations, à la suite d’une discorde, un certain nombre de familles quittèrent la région et demandèrent asile aux Zemmour; ces derniers leur donnèrent une parcelle de forêt à défricher aux environs de Tizitine (territoire occupé actuellement par les Aït-Jbel-Doum, des Zemmour). Nous retrouvons aujourd’hui leurs descendants en tribu Haouderrane où ils constituent la petite fraction Bni-Yazrha, visitée saisonnièrement au moment de la moisson par des travailleurs venus de la région d’El-Menzel241.<o:p></o:p>

    Une autre tradition, en contradiction avec ce qui précède veut que Âli-Ben-Ichchou soit arrivé seul, comme simple fqih, pour enseigner le Coran à la Kelâa d’El-Menzel, avant d’être nommé caïd242. En outre, les Bni-Yazrha d’El-Menzel ne manquent pas de revendiquer comme l’un des leurs, le grand caïd « Âli-Ben-Moham- med-Ben-Ichchou-Saddouki-Yasri » 24S. Sa mère et son père sont enterrés sous la Koubba de Sidi-Abdelouahad, à la Kelaâ des Ouled- Âbdelâziz, à El-Menzel. Sur l’une des tombes, face à l’entrée on peut lire : « Louange à Dieu. Cette tombe est celle de la mère du caïd Ben- Ichchou, que Dieu protège, la nommée Fatma-Bent-Mohammed-Bent- Srhir-El-Makemi décédée, puisse Dieu la recevoir au sein de la miséricorde ainsi que tous les musulmans — en l’année 1093 de l’Hégire ». La tombe voisine porte cette inscription : « Louange à Dieu. Cette tombe est celle du père du caïd Âli-Ben-Ichchou, le nommé Sidi- Mohammed-Ben-Ichchou-Sadeki-El-Yazrhi que Dieu le protège — décédé en l’an 1074 de l’Hégire » 244.<o:p></o:p>

    Le caïd Âli-Ben-Ichchou n’a cependant laissé à El-Menzel, que des traces personnelles et les Bni-Yazrha n’ont eu, à l’époque, aucun contact avec les Zemmour, dont l’habitat se situait fort loin de cette région. Ni la légende, ni les chroniqueurs ne nous renseignent sur la vie profonde des tribus, et nous ne savons rien d’autre sur les Zemmour que la fortune de leur caïd, sûrement imposé d’ailleurs et devenu presque étranger à ses contributes. La collaboration des Zemmour avec le Makhzen leur vaut une période de relative tranquillité; ils peuvent exploiter à leur guise les pâturages d’été ou d’hiver sur les deux versants du massif et cultiver leurs terrains sans crainte de voir leurs récoltes razziées. Devenus tribu Makhzen et élément indispensable au maintien d’un équilibre politique précaire, les Zemmour retirent des avantages certains de leur attitude. Pour l’instant, la poussée des tribus de la montagne se trouve arrêtée; mais les Zemmour n’en gardent pas moins une position exposée, à la fois enviée et dangereuse.<o:p></o:p>

    II. — Les Zemmour, force de désordre (1727-1790)<o:p></o:p>

    La situation de force laissée après la mort de Moulay-Ismaïl ne réglait guère le problème des Berbères de la montagne. Désarmés, désunis et affaiblis pour quelque temps, ils ne tarderont guère à profiter des discussions, des désordres, des luttes intestines qui affaiblissent le pouvoir central. « Les tribus berbères parvenues au contact des plaines, écrit H. Terrasse245, vont participer aux luttes des successeurs de Moulay-Ismaïl et soutenir certains prétendants ». Les Zemmour, occupant une position-clé dans le dispositif des tribus de la montagne vont participer au jeu sanglant des forces de désordre, constituées par les prétendants au trône, les « âbids », les tribus « guich » et les tribus berbères.<o:p></o:p>

    1°) Rupture de la collaboration avec le Makhzen<o:p></o:p>

    Dès le début de son règne Moulay-Ahmed-Ad-Dehbi (1727-1728), ainsi nommé par les « âbids », le « guich » et le Makhzen, à cause de ses largesses, fit arrêter et exécuter tous ceux qui avaient été les collaborateurs de son père et les piliers de sa politique. Âli-Ben-Ich- chou-El-Kebli, caïd des Zemmour et chef de la montagne berbère soumise, fut exécuté, ainsi que le caïd de Fès, Mohammed-ou-Âli, et d’autres personnages puissants.<o:p></o:p>

    Selon le Kitab-el-Istiqça 24e, Âli-Ben-Ichchou aurait persuadé le Sultan d’égorger Mohammed-ou-Âli, incarcéré au moment de son avènement mais « Dieu fit tomber cet intrigant dans les mains du Sultan qui le fit mettre à mort, lui donnant ainsi une récompense analogue à sa conduite». Le prétexte est peut-être vrai; mais il semble bien que ce fut sous l’influence des « âbids » que le nouveau Sultan donna l'ordre d’exécuter les principaux chefs de l’Empire.<o:p></o:p>

    A El-Menzel, la légende attribue la mort de Ali-Ben-Ichchou au Sultan Moulay-Ismaïl lui-même247.<o:p></o:p>

    « Au cours d’un voyage à Meknès, le caïd avait enlevé une des filles de son maître, et l’avait installée dans une petite maison, au milieu d’un grand verger planté de pommiers. Averti de cette offense, le Sultan dépêcha des cavaliers pour ramener à Meknès sa fille et Âli- Ben-Ichchou. Mais ce dernier, tenu au courant de l’expédition, tua et enterra la fille du Sultan et fit, en une nuit, démolir la maison, arracher les pommiers, labourer et semer du blé, si bien que les cavaliers ne trouvèrent rien à l’endroit indiqué248. Déconcertés, ces derniers n’osèrent emmener le caïd. Mais un chérif convoqua Âli- Ben-Ichchou à Meknès, auprès de Moulay-Ismaïl. Pressé d’avouer, battu, Âli-Ben-Ichchou, ne voulut rien dire, ni à propos de la jeune fille, ni à propos de l’argent de l’Etat. Un juif vint alors demander au Sultan la permission de faire avouer le caïd ; il enduisit son talon de savon mou, fit déshabiller et coucher le caïd par terre et se mit à lui tourner sur le ventre, en appuyant sur son talon. Après trois tours, il lui demanda où se trouvait l’argent : « Si tu n’avais pas fait un troisième tour, répondit le caïd, j’aurais indiqué au Sultan où se trouvent d’importants trésors, mais à présent il est trop tard, mes intestins sont arrachés et je vais mourir ». Le Sultan, regrettant alors d’avoir fait tuer un caïd aussi courageux lui demanda pardon : Âli-Ben-Ichchou le lui accorda à condition d’être enterré derrière le futur tombeau de son maître. C’est pour cela que Âli-Ben-Ichchou repose à Meknès près de la tombe de Moulay-Ismaïl-Ben-Âli ».<o:p></o:p>

    Cette légende attribue à Moulay-Ismaïl, seule figure dominante de l’époque, l’arrestation puis la mise à mort du caïd des Zemmour, en agrémentant l’épisode d’une histoire d’enlèvement et de trésors cachés. Ce fait  n’est pas pour étonner, Moulay- Ahmed- Ab-Dehbi n’ayant régné que deux années, alors que Âli-Ben-Ichchou et Moulay- Ismaïl dominaient depuis longtemps l’horizon immédiat et lointain des Bni-Yazrha.<o:p></o:p>

    La suppression des grands commis de Moulay-Ismaïl provoqua immédiatement l’anarchie : « Dès qu’ils furent tués, dit le Kitab-el- Istiqça 249, les sujets ne sentirent plus le poids de leur autorité et se virent débarrassés de ceux qui mettaient un obstacle entre eux et les désordres, et qui les punissaient pour leurs mauvaises actions. Les Berbères surtout, sur lesquels pesait un joug d’airain, le secouèrent dès qu’Âli-Ben-Ichchou fut mort et, achetant des chevaux et des armes, revinrent à leurs anciens égarements ». Les Zemmour retrouvent ainsi leurs anciens problèmes : exposés aux coups des tribus de la plaine qui résistent à la descente des populations de la montagne, poussés par les tribus berbères peu soucieuses de l’intérêt général et ne pensant qu’à s’emparer des terres plus fertiles possédées par leurs frères de race, les Zemmour doivent composer tour à tour avec différents ennemis. Dès cette époque, un nouvel ébranlement des tribus de la montagne commence à se faire sentir.<o:p></o:p>

    Nous retrouvons en 1727-1728 (Hg. 1140) un membre de la famille de Ben-Ichchou, proche parent ou fils de l’ancien caïd, Mohammed- ou-Âli-Ben-Ichchou, dans un rôle assez trouble, très différent en tout cas de celui de bon serviteur du Makhzen. Les Oudaïas en effet, pourtant tribu « guich », pillent le marché du jeudi à Fès, sous l’instigation, semble-t-il, de Mohammed-ou-Âli-Ben Ichchou250. Ce dernier arrête même les membres d’une délégation « d’ouléma » et de « chorfa » venus porter plainte auprès du Sultan, avant même qu’elle puisse parvenir au palais. La révolte de Fès contre les Oudaïas ne put, selon le Kitab el Istiqça, être calmée qu’après la libération de cette délégation conduite par le frère du Sultan, Al- Mostadi, venu de Meknès avec un groupe de « chorfa » de cette ville.<o:p></o:p>

    Les Zemmour cèdent donc au mouvement d’anarchie qui se développe et, visés par les « âbids » qui font du Sultan leur docile instrument, se dressent contre l’autorité royale en se rapprochant des Oudaïas, en fomentant des troubles et en intervenant aux portes mêmes de Meknès. Mais, ainsi que le note H. Terrasse251, le pays n’est pas hostile à la dynastie, et les Zemmour, qui ont servi Moulay- Ismaïl pendant plusieurs décades, encore moins que les autres tribus. Parmi les souverains éphémères qui se sucédèrent pendant la période d’anarchie alaouite, ils semblent avoir préféré Moulay-Âbdallah.<o:p></o:p>

    2°) Les Zemmour soutiennent Moulay-Âbdallah<o:p></o:p>

    a)        Les caïds Zemmour à Fès.<o:p></o:p>

    Moulay-Âbdallah se fit remarquer dès le début de son premier règne par sa cruauté et la haine qu’il nourrissait contre Fès et ses habitants, haine si vive et si étrange que l’auteur du Kitab el Istiqça se déclare « persuadé qu’un diable à forme humaine avait pris possession de ce Sultan et l’excitait contre les gens de Fès » 252. C’est au service de ce sentiment que nous trouvons de nouveau les grands chefs Zemmouris.<o:p></o:p>

    Ez-Zaiani253 mentionne qu’en 1732 (Hg. 1144), Moulay Abdallah se sert de Âbderrazak-ou-Âli-Ben-Ichchou dans sa rancune et ses vexations contre Fès. Arrivé dans la ville, ce dernier fit arrêter les négociants, pénétra dans leurs boutiques et réussit ainsi à réunir une somme considérable (100 000 dinars) dont le Sultan se déclara satisfait. Mais lorsque les négociants accompagnèrent Âbderrazak devant le souverain pour remettre l’argent, la somme fut déclarée insuffisante et on les jeta en prison.<o:p></o:p>

    Plus efficace dans sa cruauté apparaît la conduite de Mohammed- ou-Âli-Ben-Ichchou-Ez-Zemmouri-El-Kebli nommé gouverneur de Fès par Moulay-Âbdallah, en 1733-1734 (Hg. 1146) 254. Il agissait certes selon les ordres de son maître : « Prends l’argent de ces gens là... ne leur laisse rien; ce n’est que l’argent qui les a rendus tellement orgueilleux qu’ils méprisent le pouvoir ». La méthode employée par le Zemmouri révèle une maîtrise rare dans l’art de dépouiller une ville entière. Mais laissons parler le chroniqueur : « Mohammed- Ben-Âli s’installa, à son arrivée à Fès, dans la maison de Bou-Âli- Arrousi à El-Mahdi. Il désigna pour chaque quartier des espions connaissant très bien les gens aisés avec mission de les lui amener. Quand ils furent réunis chez lui, il les fit mettre en prison. Ensuite, il imposa à la population d’abord 500 000 mitsqals : chaque négociant ou propriétaire devait contribuer au paiement de ce chiffre par des sommes variant entre 1 000 et 10 000 mitsqals. Quand il se mit à percevoir cette imposition, ceux qui montrèrent peu d’empressement à payer furent bâtonnés et mis en prison; quant à ceux qui s’enfuirent, il emprisonna soit leur fils, soit leur femme, soit leur frère; il arriva ainsi à se faire verser la somme tout entière. Ce fut ensuite le tour des artisans, des ouvriers d’industrie et de propriétaires de terrains en dehors de la ville, entre autres de laboureurs : ceux-ci durent payer une forte somme pour laquelle la part contributive de chacun variait de 100 à 1 000 mitsquals. De cette façon il n’y eut personne dans la ville qui n’eût été taxé. Il se produisit alors un grand exode des habitants vers les campagnes, les bourgades et les montagnes : des gens allèrent même jusqu’au Soudan, à Tunis, en Egypte et en Syrie. Il ne resta plus à Fès que les femmes, les enfants et les misérables. Ceux qui avaient été emprisonnés s’enfuyaient eux-mêmes dès qu’ils avaient la liberté, sans s’occuper de leur famille et de leurs biens ». La part étant faite à l’exagération et au style, la méthode de Mohammed-ou-Âli-Ben-Ichchou paraît néanmoins particulièrement efficace. Pendant plus d’un an il recueillit et envoya au Sultan tout l’argent qu’il prit. Il quitta précipitamment Fès la nuit lorsqu’il apprit la fuite de Moulay-Âbdallah et alla se réfugier dans le Zerchoum.

    Aussi ne faut-il pas s’étonner de la consternation et du désarroi des « chorfa » et « ouléma » de Fès lorsque, au début du second régne de Moulay-Âbdallah, après avoir assisté au massacre des délégations de Fès et de Meknès venues au devant du Sultan, ils apprirent que ce dernier leur donnait de nouveau comme gouverneur Mohammed- Ben-Âli-Ben-Ichchou : « ils s’en retournèrent effrayés du sort qui les attendait » 255.<o:p></o:p>

    b)        Les Zemmour pour Moulay-Âbdallah, contre les Bni-Ahsene.<o:p></o:p>

    Zemmour et Aït-Idrassene continuent à apporter un concours souvent très précieux à Moulay-Âbdallah qui profite de la rivalité les opposant aux Aït-ou-Malou. A la fin de son second règne, après la proclamation de Moulay-Mohammed-Ben-Ârbiya (1736-1738), c’est chez les Aït-Idrassene que se réfugia Moulay-Âbdallah, d’où il dirigeait ses expéditions contre Meknès. Pendant tout le règne de Moulay-Al- Mostadi (1738-1740) il organisa le brigandage des Berbères « qui ravagèrent le territoire des Oudaïas, pillèrent leurs troupeaux, saccagèrent ensuite sur les routes, détroussèrent tous ceux qu’jls rencontrèrent, en sorte qu’il devint impossible de voyager dans cette contrée » 256. Après son troisième règne, sous Moulay-Zin-Al- Âbidin (1745), Moulay-Âbdallah quittant précipitamment Ras-el-Ma, choisit encore de se réfugier en pays Berbère. Enfin, pendant son quatrième règne, il lève des troupes berbères contre le prétendant Al-Mostadi et les « âbids », troupes dont la vue seule suffit à le faire fuir. «Le Sultan, dit le Kitwb-el-Istiqça257, arriva, amenant à sa suite des contingents berbères pris parmi les tribus des Zemmour, Bni-Hkim, Guérouane, Aït-Idrassène, Aït-Oumalou en nombre si considérable que le créateur seul aurait pu les compter : la richesse de leur costume et la force de leurs armes étaient de nature à réjouir l’ami et à faire du mal à l’ennemi ».<o:p></o:p>

    De tous les prétendants au trône de Moulay-Ismaïl, les Zemmour n’ont soutenu que Moulay-Âbdallah. Leur fidélité dynastique eût pu se manifester en faveur d’autres princes, car Moulay-Âbdallah n’était pas une personnalité particulièrement attachante. Mais il s’appuyait sur les Berbères contre les « âbids », et ces derniers recevaient fréquemment l’appui des arabes Bni-Ahsene. Une importante garnison d’ « âbids », créée par Moulay-Ismaïl, se trouvait d’ailleurs en pays Bni-Ahsene, à Mechra-er-Remla 258. Or les Bni-Ahsene, de langue et de coutumes différentes, constituaient pour les Zemmour l’obstacle essentiel leur interdisant l’accès des plaines atlantiques et les obligeant à résister aux autres tribus berbères qui, sans cesse, les poussaient vers l’avant. Aussi, le soutien constant accordé à Moulay- Âbdallah apparaît-il dirigé plutôt contre les Bni-Ahsene que destiné à la réalisation des ambitions du prince. Leur politique de soutien à Moulay-Âbdallah permet aux Zemmour d’obtenir un affaiblissement de la puissante tribu Maâqil qui les a précédés dans leur marche vers le N. O. En effet, Moulay-Âbdallah avait conçu une grande haine contre les Bni-Ahsene depuis qu’ils avaient envahi, avec les « âbids » et sous le commandement d’El-Mostadi, la résidence royale de Meknès, et s’étaient rendus coupables « d’actes monstrueux comme d’enlever femmes et enfants » 259. Aussi, lorsque Al-Mostadi souleva de nouveau les Bni-Ahsene, et attaqua Moulay-Âbdallah à son retour d’expédition contre Errifi, « tout l’effort fut dirigé contre les Bni-Ahsene qui perdirent plus de 1 000 hommes tués, et se virent enlever environ 5 000 chevaux et un nombre d’armes aussi considérable », alors que les « âbids » furent seulement dépouillés. « Cette bataille anéantit la puissance des Bni-Ahsene » 260. Mais la haine du Sultan ne tarit point après cette victoire; il pardonna aux « âbids » venus lui demander l’aman, mais se déclara décidé à exterminer les Bni-Ahsene ainsi que les autres partisans d’ Al-Mostadi. Quelque temps plus tard, alors que Al-Mostadi était parmi eux et qu’ils faisaient la sieste, il réussit à surprendre par derrière les Bni-Ahsene et à leur infliger une nouvelle défaite. «Avant qu’ils eussent le temps de se reconnaître, écrit le chroniqueur261, les cavaliers fouillèrent leurs tentes, chassèrent devant eux leurs bestiaux et leurs moutons et pillèrent leurs effets et tout ce qu’ils possédaient. Les Bni-Ahsene se dispersèrent dans toutes les directions, les soldats se partagèrent les prisonniers. Alors les Bni-Ahsene revinrent en toute hâte demander pardon au Sultan qui ordonna de les laisser tranquilles, leur rendit leurs prisonniers et leur laissa leurs chevaux ». L’écrasement des Bni-Ahsene permit très certainement aux Zemmour d’amorcer un mouvement vers le N.O. Les Bni-Ahsene eux-mêmes semblent orienter leurs regards vers le Rharb, car à la fin du règne de Moulay-Âbdallah, ils se plaignirent des gens du Rharb, qui, traversant leur pays avaient attaqué et pillé leurs campements (Hg. 1146) : le Sultan leur permit alors de se jeter sur eux et leur envoya même des contingents pour les aider262. Ainsi la marche en avant des tribus berbères, contenue par Moulay-Ismaïl, recommence après trente années d’anarchie et de luttes entre les forces hostiles, berbères, tribus « guich », « âbids », soutenant les princes favorables à leurs intérêts.<o:p></o:p>

    3°) Déclin de la fidélité à la dynastie.<o:p></o:p>

    Vers la fin du règne de Moulay-Âbdallah, les Zemmour ne jouent plus le rôle de premier plan qui leur était jusqu’ici dévolu. Les Aït Idrassene, avec leur caïd Mohammed-ou-Aziz, ainsi que les Guerouane et les Aït-Oumalou se situent de plus en plus en avant de la scène politique. Les Zemmour se sont-ils affaiblis au cours des luttes épuisantes qu’ils durent soutenir à la fois contre les Arabes et contre les tribus Berbères ? Ou bien les grands chefs politiques leur font-ils défaut ? Il semble plutôt qu’une nouvelle situation géographique ait modifié la distribution des forces. A cette époque où, dit le Kitab et Istiqça, « les Berbères possédaient des terrains de culture dans les environs de Meknès » 268, les Zemmour avaient esquissé un déplacement vers l’Ouest, laissant aux Aït-Idrassène et aux Guerouane l’occupation d’un pays qui leur confère aussitôt une grande importance sur l’échiquier des tribus. La figure de Mohammed-ou-Âziz prend de plus en plus de relief et, dans les récits pleins de luttes enchevêtrées, d’accords et de désaccords entre « âbids », Berbères et Oudaïas, son nom revient toujours maintenant sous la plume des chroniqueurs. Le Sultan fut même obligé de lui acheter les services des Berbères en lui faisant remettre d’importantes sommes d’argent264. Sa mort révéla son importance, puisqu’elle fut le signal de luttes entre Guerouane et Aït-Idrassene, que le Sultan put faire cesser en imposant Ould-Mohammed-ou-Âziz, fils du grand caïd Aït-Idrassene.<o:p></o:p>

    Cette éclipse progressive des Zemmour s’accompagne d’un affaiblissement de leur fidélité envers Moulay-Âbdallah. Le Sultan lui- même, fatigué des luttes entre « âbids » et berbères, ne voulait-il pas « mettre face à face ce bouc noir et ce bélier blanc » et laisser périr l’un d’eux ?<o:p></o:p>

    Sous le règne de Sidi Mohammed-Ben-Âbdallah les rapports des Zemmour avec le Makhzen se dégradent peu à peu. Au retour d’un voyage à Marrakch, Sidi Mohammed-Ben-Âbdallah, châtie la fraction Aït-Sibeur des Zemmour en la pillant et en la disséminant265.<o:p></o:p>

    La famille des Ichchou tombe en disgrâce 266 et le commandement des Zemmour et des Bni-Hakem passe à Belkassem-Ez-Zemmouri. Désireux cependant de s’appuyer sur certaines tribus berbères, et espérant tirer de ce caïd les mêmes services que Moulay-Ismaïl sut obtenir de Âli-Ben-Ichchou, Sidi Mohammed-Ben-Âbdallah confie le commandement des Aït-Oumalou au nouveau caïd des Zemmour. Mais Belkassem-Ez-Zemmouri, repoussé par les Aït-Oumalou, ne put exercer ses fonctions; le Sultan décida alors de soutenir son caïd qui, malgré les renforts reçus de ses contribules Zemmour et Bni-Hakem, avait dû se replier de l’autre côté de l’Oum-er-Rebia. Soit par incapacité, soit volontairement, Belkassem Ez-Zemmouri conseilla une manœuvre qui amena le Sultan à se trouver complètement isolé avec la colonne qu’il commandait aux environs de Adekhsan (Khenifra) ; « il fut convaincu du mauvais conseil qu’on lui avait donné et il ne douta plus qu’il s’était rendu coupable d’avoir conduit aveuglément les musulmans à une défaite » 267. Ce n’est qu’en se réconciliant avec les Zaër et en apaisant les Aït-Isri que le Sultan parvint à rejoindre Meknès et à sauver son armée. A peine arrivé, il fit arrêter Belkassem- Ez-Zemmouri, et lui confisqua ses biens. Il nomma Ould-Mohammed- ou-Âziz gouverneur des Zemmour et des Bni-Hakem. Ainsi se termina la tentative de collaboration du Makhzen avec les Zemmour.<o:p></o:p>

    La disgrâce du caïd Belkassem fut suivie d’une période sur laquelle les chroniqueurs restent silencieux. Il est probable que la nomination de Ould-Mohammed-ou-Âziz ne fut pas acceptée, en raison même des circonstances qui l’avaient imposé à la tribu. Les tribus se soumettent toujours difficilement aux ordres de caïds étrangers et, depuis longtemps tribus makhzen et dominatrices, les Zemmour durent ressentir terriblement l’humiliation qui leur fut infligée. En 1784 (Hg 1198), le Sultan dirigea une expédition contre les Zemmour et les Bni-Hakem qui s’infiltraient le long du Beht en direction du N.O. Selon la chronique, les Zemmour se réfugièrent au Tafoudeït où ils se fortifièrent; le Sultan partit alors pour Marrakech laissant sur place Aït-Idrassene et Guerouane pour les guetter et les surprendre ; trompés par le départ de la « harka » chérifienne, les Zemmour sortirent alors de leur retraite et furent razziés, dispersés et réduits « à aller tendre la main dans les tribus » 268. La tradition orale en pays Zemmour 269 veut, au contraire, que les troupes du Sultan aient été défaites sur une « oulja » du Beht, voisine du Tafoudeït, appelée depuis Ouljete-es-Soltane, et qu’elles se soient repliées sur Meknès.

    Pendant cette période où le rôle d’arbitre passe peu à peu aux mains des Guerouane et des Aït-Idrassene, les Zemmour gagnent lentement leur territoire et ont déjà conquis les hauteurs du Tafoudeït, forteresse naturelle qui leur servira désormais de refuge en cas d’invasion.<o:p></o:p>

    Ils se tournent maintenant davantage vers les Bni-Ahsene et délaissent les luttes contre leurs frères de la Montagne. Aït-Idrassene et Guerouane jouent le rôle ingrat qui fut le leur sous le règne de Moulay-Ismaïl et pendant les trente années de troubles qui suivirent. Les Zemmour subissent les contre-coups de la politique impériale d’équilibre entre les diverses tribus berbères; mais, quoique plus vulnérables parce qu’arrivés en plaine, il se détachent du sort de la dynastie dont ils furent autrefois un des plus fermes soutiens.<o:p></o:p>

    Notes :<o:p></o:p>

    226.     Kitab el Istiqça, Arch. Mar., IX, 1906, pp. 87-88.<o:p></o:p>

    227.     Kitab el Istiqça, Arch. Mar., t. IX, p. 93. Ez-Zaïani. Ettordjman-el- Moarib, Le Maroc de 1631 à 1812, Trad. Houdas, p. 42, donne une version légèrement différente : < Sire, j’ai fait cela dans votre intérêt et dans le leur, car si vous vous conduisez autrement à leur égard, ils vous lasseraient. En agissant ainsi, vous les purifiez seulement du mal et ils s’occuperont d’agriculture et d’élevage; les bons sentiments grandiront chez eux et ils se montreront plus vifs».<o:p></o:p>

    228.     Vil. Trib., Rabat et sa région, t. III, p. 190.<o:p></o:p>

    229.     Le caïd Ba-Ichchou serait enterré à El-Menzel.<o:p></o:p>

    230.     Bou-mia, en Haute Moulouya, selon F. de la Chapelle.<o:p></o:p>

    231.     El Jstiqça, Arch. Mar., IX, p. 109.<o:p></o:p>

    232.     Khenifra devient sous Moulay-Ismaïl une base d’opérations et le point de départ de colonnes vers la montagne; de là en effet il est plus facile d’atteindre les hautes vallées par l’Oum-er-Rbia opposé au Guigou, par l’Oued- el-Abid opposé à la Haute Moulouya, alors que par Azrou il faut couper perpendiculairement les vallées.<o:p></o:p>

    233.     A la suite de cette action, Âli-Ben-Ichchou, selon En-Nasiri (Kitàb el Istiqça, p. 109) aurait reçu une garnison de mille cavaliers Zemmour pour la forteresse de Tichghalin, commandant le pays Aït-Oumalou. Ez-Zaîani (Ettord- jman el Moarib. Trad. Hondas, p. 46) par contre, mentionne que Ali-Ben-Barka avec mille cavaliers Aït Immour, se fixa à Tichghallin entre les Aït-Oumalou et les Aït-Yafelman.<o:p></o:p>

    234.     Kitab el Istiqça, Arch. Mar., IX, p. 119.<o:p></o:p>

    235.     Base du système monétaire marocain, le metqal vaut dix onces oukia; au temps de Moulay-Ismaïl le douro valant 5 onces et demi, le metqal équivalait donc à 1 douro et demi environ. Sous le règne de Moulay-Abdelâziz, le douro valait 14 metqals (Michaux-Bellairb, Compte rendu du Congrès de l’Afrique du Nord, Arch. Mar., I, 1908, p. 699).<o:p></o:p>

    236.     Kitab el Istiqça, Arch. Mar., IX, p. 189.<o:p></o:p>

    237.     Mémoires de J. B. Estelle (21 avril-21 septembre 1695), Sources inédites de l’Histoire du Maroc. Dynastie fllalienne, IV, p. 353.<o:p></o:p>

    238.     Pidou de St-Olon, Etat présent de l’Empire du Maroc (1694), pp. 121, 122, 123 (et note (1), p. 155, indiquant qu’il faut voir Ali-Ben-Ichchou sous < ce nom de Ben- Jehou).<o:p></o:p>

    239.     Il existe de multiples fractions ou douars Aït-Ichchou, mais on ne saurait tirer aucune conclusion de ce fait, le nom de Ichchou étant très répandu au Maroc.<o:p></o:p>

    240.     Ce bassin aurait été comblé assez récemment et se trouvait tout près de l’école musulmane édifiée depuis quelques décades.<o:p></o:p>

    241.     Informateur : Aoudjite-Ah., El-Menzel, 1956.<o:p></o:p>

    242.     Informateur : Moulay-Ali-L..., El-Menzel, 1956.<o:p></o:p>

    243.     Fiche de tribu des Bni-Yasra, Capitaine Ducret, mise à jour en 1947, Arch. D. I.<o:p></o:p>

    244.     La légende veut que ce dernier ait été tué au cours d’une campagne de Moulay-Ismaïl contre les Turcs et son corps ramené à El-Menzel. <o:p></o:p>

    245.     H. Terrasse, Histoire du Maroc, II, 1949, p. 281.<o:p></o:p>

    246.     Kitàb el Jstiqça, Arch. Mar., IX, p. 157.<o:p></o:p>

    247.     Informateur Moulay-Ali-L..., El-Menzel, 1956.<o:p></o:p>

    248.     Ce verger s’appelle aujourd’hui : Jnana Lamzouri.<o:p></o:p>

    249.     Kitab el Istiqça, A. M., IX, p. 161.<o:p></o:p>

    250.     Ez-Zaiani, Trad. Hondas, Le Maroc..^ p. 57, affirme ce fait; le Kitab el Istiqça ne le mentionne pas.<o:p></o:p>

    251.     H. Terrasse, Histoire du Maroc, II, p. 280.<o:p></o:p>

    252.     Kitab el Istiqça, Arch. Mar^ IX, p. 178.<o:p></o:p>

    253.     Ez-Zaiani, Trad. Houdas, Le Maroc..., p. 71.<o:p></o:p>

    254.     Kitab el Istiqça, Arch. Mar., IX, p. 185 à 188. Au sujet de la nomination du caïd, voir A. Bel € Un dahir chériflen du Sultan Abdallah, fils de Moulay- Ismaïl » (Journal asiatique, mars-avril 1917, p. 283 à 290). Un dahir de mars 1734, renouvelant pour les Ouled Hammou certains privilèges de tribu < guich », indique : « Nous ordonnons également à notre serviteur, le Qaîd Mohammed ou Ali-I-Ichchi de leur donner les mêmes marques de considération» (p. 288).<o:p></o:p>

    255.     Kitab el Istiqça, Arch. Mar., IX, p. 196.<o:p></o:p>

    256.     Ez-Zaiani, Trad. Houdas, Le Maroc..., p. 85.<o:p></o:p>

    257.     Kitab el Istiqça, Arch. Mar., IX, p. 217.<o:p></o:p>

    258.     H. Terrasse, Histoire du Maroc, II, p. 256, situe ce dépôt central près de Sidi Slimane; Mechra-er-Remla se trouve plus exactement près de Sidi Yahya du Rharb, un peu en amont de l’oued Tiflete, et de nombreuses ruines subsistent encore en un lieu appelé Bled Mahalla, situé entre Sidi-Yahya et la lisière de la mâmora (Cf. Justinard, La Rihla du Marabout de Tasaft, Paris, 1940, p. 51, note 1.<o:p></o:p>

    259.     Kitab el Istiqça, Arch. Mar., IX, p. 225.<o:p></o:p>

    260.     Ibid., p. 229.<o:p></o:p>

    261-262. Kitab el Istiqça, Arch. Mar., IX, p. 230-231.<o:p></o:p>

    263.       Kitab el Istiqça, ibid., p. 234.<o:p></o:p>

    264.       Ez-Zaïani, trad. Hondas, Le Maroc..., p. 117.<o:p></o:p>

    265.       Kitab el Istiqça, ibid., p. 291.<o:p></o:p>

    266.       Nous les retrouvons plus tard et en d’autres lieux. Une partie des Ichchou a émigré dans le Rharb et s’est installée dans la fraction Âroua des Bni-Malek. Vers 1823, le Rharb tout entier était gouverné par le caïd Mohammed-Ben-Ichchou-el-Malki (ou El-Aroui); il « a laissé dans le Rharb la réputation de sa puissance considérable et de son excessive sévérité. Sa famille existe encore, elle habite aujourd’hui sur la rive droite de l’Ouerrha, à l’Ouest du gué de Mechra el Bâcha, vis-à-vis de l’endroit où se trouvait la maison du dernier caïd Mohammed-Ben-Ichchou sous le règne de Moulay- Sliman ». (Vil. et Trib. Rabat et sa région, IV, p. 35, et III, p. 213). « La karia Ichchou, d’après E. Biarnay, colon à Khemichet (Notes historiques mises à jour par M. Biarnay et aimablement communiquées par l’auteur), est devenue par érosion l’emplacement de la ferme de M. Barthe-Garcia-Sahel de Segonzac située entre les Oulad Saïd et les Ouled Hamar en face de Boa R’aneffe, en aval de Sidi Moussa, à 2 km sud ». Il est permis également de voir le caïd Ben Ichchou dans le Bâcha ben Hissour cité par Joseph de Rochette à propos de son voyage dans le Rharb en 1825 (Joseph de Rochette, Relation d’un voyageur à Fez en 1825, (Mémoires et documents publiés par la société savoisienne d’Histoire et d’Archéologie, XXVI, Chambéry, 1887)). J. Berqub a bien voulu signaler, à ce propos, qu’il a connu aux Oulad-Lahsen (Bni-Malek du Sud), des descendants du caïd, tué à la bataille de l’Isly. 267. Kitab el Istiqça, ibid^ p. 323.<o:p></o:p>

    <o:p> Lire l'ouvrage en ligne en cliquant sur: Benichou</o:p>


    Quand j'étais à El Menzel, samedi et dimanche derniers, j'ai rencontré des gens très intéressés par le festival.

    A notre table, au café, il y avait un passionné des chioukhs qui nous a chanté beaucoup de morceaux (c'est celui dont je vous ai parlé, cher Fandlaoui, et que vous devriez rencontrer).

    J'ai évoqué l'histoire du Caïd Benichou, et j'ai eu les informations complémentaires suivantes :

    Quand Benichou eut enlevé une des filles de Moulay Ismail, il la cacha dans un Jnan où il y avait beaucoup d'arbres fruitiers (il se trouve derrière l'école primaire, à l'entrée de Lkalaâ).
    Quand on l'informa que le Sultan était au courant du lieu où se trouvait sa fille, il emmena ses jardiniers, une nuit, et il leur fit changer complètement la configuration du Jnan pour que les hommes du Sultan ne le reconnussent pas par rapport à la description qui leur en avait été faite.
    Par la suite les gens appelèrent ce lieu : "Jnan lemzewer", ce qui veut dire "le jardin modifié ou falsifié". Avec le temps on l'appela "Jnan lemzouri" et cette appellation a survécu jusqu'à aujourd'hui pour ce Jnan qui existe toujours au même endroit. 

    Benichou avait construit une route souterraine de Jnan lemzouri jusqu'à Dar Echorfa (qui existe en bas de Derb Agagra). Les gens disent que Benichou a caché son trésor dans ce tunnel qui traversait presque tout El Menzel. 


    Donc pour le trouver, il faut creuser la terre où se trouve l'ancien Menzel, ce qui est impossible, mais possible, si quelqu'un envoie une lettre à son père en lui disant ce que nous a raconté notre cher Patryck ( froissart )la semaine dernière (voir: le miracle d'Internet)

    le 08 avril 2009


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