• Au temps du protectorat: l'injustice

    Je suis émerveillé. Très content de voir notre forum prendre de l’ampleur. Très satisfait des contributions des uns et des autres : des photos, des rapports, des liens Internet, des présentations de douars foisonnent. C’est là un travail de valeur. Sachez bien que nous sommes en train de constituer la matière première, indispensable à nos anthropologues, à nos historiens, à nos géographes, à nos journalistes et même à nos écrivains et à nos poètes. Des liens sont en train de se tisser entre nous, jeunes et vieux et c’est formidable. Avouons-le, c’est en même temps utile et agréable. Que c’est beau de voir tous ces Yazghi à pied d’œuvre, au Canada, à la Réunion, dans le Vaucluse, à Rabat, à Kenitra, et surtout à El Menzel! Leur seul objectif est de nouer avec notre tribu, notre terre, nos ancêtres, notre enfance, nos professeurs… le mérite revient à celui qui en a eu le premier l'idée, RAMI, nous le remercions du fond du cœur. Ceci dit, je vous invite aujourd’hui à vivre avec moi le souvenir de l’une des injustices qu’ont supportées nos parents sous le joug du protectorat. 

    J’avais encore quatre ou cinq ans. Notre voisin, que dieu ait son âme, était sous-officier dans l’armée française. Chaque année, quand il revenait chez lui, c’était pour nous un évènement agréable. Il nous offrait des bombons, des gâteaux d’ailleurs, du pain blanc de Fès (lkoumir). Nous l’accueillions comme un parent très cher. Et il nous le rendait bien. 

    Une fois, il avait entrepris de restaurer sa maison comme faisaient tous ceux que le destin avait éloignés des leurs. Il procéda à des transformations : il démolit des murs, en construisit d’autres, étala l’argile (lakhbiz) sur le toit, revêtit la façade qui donnait superbement sur la3nina, c’est comme cela qu’on appelait la maison du Caïd Larbi. Il passa le mur de cette façade à la chaux, fit embellir deux petites fenêtres par son maçon. Sa famille et ses voisins étaient très contents. Nous admirions son travail. 

    Hélas notre joie n’a pas duré longtemps. Un matin, le mokhazni du caïd se présenta chez notre voisin et lui annonça que celui-ci était très mécontent, qu’il n’admettrait jamais que des fenêtres donnent sur son palais et qu’il fallait les condamner. Tout le monde était sidéré par la décision du makhzen d’autant plus que la maison de notre voisin était distante de celle du Caïd d’à peu près un kilomètre à vol d’oiseau. Le temps était à l’injustice. Qui aurait osé défier le despotisme du caïd ? Notre voisin tarda un peu à exécuter l’ordre de celui-ci, qui trouva le maçon (je ne dirai pas son nom) qui avait entrepris les travaux et lui ordonna de procéder à la condamnation des fenêtres et au badigeonnage du mur avec de la cendre grise. Triste souvenir que je garde dans ma mémoire et que nos voisins et nous-mêmes n’avons jamais oublié. 

    Auteur: 
    Fandlaoui

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :