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Ahidous et poésie
<nobr>LA POESIE COMME ELEMENT DE PROMOTION DES</nobr><nobr>VALEURS AUTHENTIQUES</nobr><nobr>Brahim Baouch</nobr><nobr>Avant de commencer cette intervention, je voudrais bien vous lire ces magnifiques vers du poète</nobr><nobr>Ali Widda :</nobr><nobr>Usigh kem a tisit</nobr><nobr>Ur ek ktigh a yighef inu</nobr><nobr>Ur ek ukizegh allig sawelegh…</nobr><nobr>J’ai pris le miroir,</nobr><nobr>Je n’ai pas remarqué que c’était moi-même</nobr><nobr>Je ne me suis remarqué que seulement quand j’ai parlé</nobr><nobr>Ce Maroc !</nobr><nobr>Quand on parle du Maroc, on parle d’abord d’un pays qui a des racines profondes dans l’Afrique</nobr><nobr>et qui s’ouvre à la fois sur l’Atlantique et la Méditerranée, C’est un pays purement amazigh</nobr><nobr>(berbère) qui s’est arabisé partiellement avec la conquête coloniale et la mise en place de l’école</nobr><nobr>moderne.</nobr><nobr>Le Maroc est un pays africain qui a produit une diversité culturelle basée sur tamazight, comme</nobr><nobr>langue, culture et civilisation.</nobr><nobr>Le pays, que les observateurs considèrent très différent de l’Orient arabe, reflète une spécificité</nobr><nobr>très typique, basée sur une richesse artistique et une tradition populaire orale spécifique et</nobr><nobr>universelle, c’est son mode de chants et de danses. Ces modes expriment la pensée d’ordre</nobr><nobr>philosophique et sociale et l’environnement de l’homme Amazigh, le noble et le libre.</nobr><nobr>Les chants et les danses des Imazighen sont une expression artistique d’un peuple africain qui</nobr><nobr>évolue en gardant des traditions.</nobr><nobr>Qui improvise ?</nobr><nobr>Dans mon intervention, je vais essayer un peu de consacrer tout mon temps limité pour la poésie</nobr><nobr>amazigh chantée. Tout d’abord, on va avouer que c’est difficile de séparer la poésie des chants ou</nobr><nobr>des danses de Ahidous ou Ahouach.</nobr><nobr>Un poète amazigh s’exprime toujours en chantant, sa poésie est reprise en chœur dans les cercles</nobr><nobr>de Ahouach ou Ahidous.</nobr><nobr>Amedyaz ou Amarir (Anechad) est un poète respecté qui traite tous les thèmes de sa société et</nobr><nobr>son environnement. Amedyaz ou Amarir a tout un lexique, très diversifié ou il peut puiser</nobr><nobr>tamedyazt ou turart pour exprimer ses émotions.</nobr><nobr>Tout amazigh ou Tamazight doit réciter et apprendre par cœur beaucoup de chants et poèmes</nobr><nobr>des ancêtres, comme il est obligé (e) d’apprendre comment entamer une danse, et plus</nobr><nobr>précisément la danse de sa tribu.</nobr><nobr>Comment devenir improvisateur ?</nobr><nobr>2003-11-06</nobr><nobr>140</nobr><nobr>Amdyaz ou Amarir est à la fois, un sage et un maître de l’art de versification, l’Amarir a un rôle de</nobr><nobr>faire des vers ou versifier la vie.</nobr><nobr>Chaque versificateur traverse les vallées et les montagnes pour présenter à un public amazigh</nobr><nobr>attentif, des « spectacles poétiques qui marquent pour un temps la vie locale » (H. Jouad).</nobr><nobr>Dans le quotidien, un amazigh reçoit tout un bagage de « parole de sagesse » soit des vers où des</nobr><nobr>proverbes, l’amour des chants et des danses oblige l’amazigh de réciter ou d’improviser des vers</nobr><nobr>ou des chants. Je dois avouer que la splendeur et la magnificence de la poésie Amazigh résident</nobr><nobr>dans le fait qu’elle est spontanée et naturelle.</nobr><nobr>Ce n’est pas facile d’être un poète improvisateur, la coutume amazigh, voulait qu’un jeune</nobr><nobr>amazigh devrait apprendre l’accumulation produites pas les ancêtres. C’est un adepte qui apprend</nobr><nobr>le métier d’un autre Amarir. Il n’existe pas d’école pour enseigner l’improvisation des chants et de</nobr><nobr>danses, mais l’amazigh considère la vie comme le seul canal qui lui permet d’apprendre, d’ailleurs</nobr><nobr>toutes les expressions orales ne s’apprennent que par la participation dans l’acte.</nobr><nobr>Il y a d’ailleurs une procédure à suivre dans le domaine artistique amazigh, d’abord pour être</nobr><nobr>poète, il faut maîtriser et dominer la langue amazigh (awal) et réciter les vers des grands poètes (le</nobr><nobr>verbe hèsu : apprendre par cœur), puis, il faut avoir une belle voix. En général être poète</nobr><nobr>nécessite d’être autodidacte et performant.</nobr><nobr>Mais la condition principale demeure dans le contenu. Le groupe musical Archach chantait :</nobr><nobr>Sawel ukan a yamdyaz</nobr><nobr>Ini yat awal n sawab</nobr><nobr>I warraw n umazigh</nobr><nobr>Ka yeran ad as yessflid</nobr><nobr>Dit (raconte, parle) ô poète</nobr><nobr>Dit la parole de la raison</nobr><nobr>Au fils d’amazigh</nobr><nobr>Le seul qui a la volonté de l’entendre</nobr><nobr>Le poète amazigh est un improvisateur qui « produit » les vers, c’est un bon connaisseur de son</nobr><nobr>métier, il s’adonne aux genres poétiques différents : Gloire addur, poésie lyrique tayri/badâd,</nobr><nobr>éloge tulgha, satire argam, description… Les thèses de tamedyazt ne sont pas stables, le poète</nobr><nobr>peut chanter « pour critiquer, conseiller, se plaindre, se résigner » (M. Mokhlis)</nobr><nobr>Improviser c’est être libre</nobr><nobr>Pour improviser une tamdyazt, le poète amène tout son arsenal linguistique et met à la portée de</nobr><nobr>sa pensée toutes les images poétiques qu’il possède pour batir son univers allégorique.</nobr><nobr>L’improvisation est le point fort de la poésie amazigh, le poète qui n’improvise pas le chant ne</nobr><nobr>sera pas admis parmi les meilleurs.</nobr><nobr>La technique de l’improvisation permet au poète un champs vaste pour traiter ses thèses, il</nobr><nobr>surprit la foule par ses vers inattendus, il profite de cette liberté pour montrer ses performances et</nobr><nobr>ses capacités comme un poète de la tribu, pour « voyager dans le monde des mots ». D’ailleurs,</nobr><nobr>les poètes disent que le poète « voyage » quand il improvise : Yemudda umarir= le poète a voyagé</nobr><nobr>ou yedda umedyaz= le poète est parti ou yesewat umarg= il est englouti par le chant…</nobr><nobr>141</nobr><nobr>Avant d’entamer son voyage, le poète s’adresse d’abord à Rebbi, le Dieu tout puissant, il sollicite</nobr><nobr>son aide sa miséricorde et sa clémence, puis il demande l’aide des Saints du pays (igurramen n</nobr><nobr>tmazirt).</nobr><nobr>Le poète du Moyen Atlas disait :</nobr><nobr>Zzurex ec a yisem n bab n lqudra la ec neqqar</nobr><nobr>Je commence par ton nom, le tout puissant, je te sollicite…</nobr><nobr>Celui du Souss chantait :</nobr><nobr>Nenna bismi llah ùrhim u rràhim nezur ek</nobr><nobr>A Rebbi lli yellan f ida larzaq ndâlb ek</nobr><nobr>Je dis au nom de Dieu le miséricordieux et le Clément, je commence par toi</nobr><nobr>Ô mon Dieu qui est à l’origine des destinées, je te demande…</nobr><nobr>Le poète personnage respecté</nobr><nobr>La parole poétique est respectée chez l’amazigh, le poète, lui aussi, se voit comme un individu</nobr><nobr>béni, qui a des perfermances gigantesques, il a les droits de modeler la langue comme il veut, il la</nobr><nobr>conforme à son univers poétique.</nobr><nobr>La poésie « exprime une vision de l’existence et de la vie, c’est un besoin existentiel, un souffle de</nobr><nobr>vie omniprèsent dans toutes les activités de l’homme amazigh, tissage, moisson, fêtes… »(M.</nobr><nobr>Moukhliss. Actes de la 4eme rencontre de l’Université d’été d’Agadir. Août 1991)</nobr><nobr>Le poète prend en considération, au moment de la « production » des vers, la tradition orale</nobr><nobr>authentique, il inspire et provoque l’enthousiasme de sa pensée et son discours poétique de la vie</nobr><nobr>quotidienne et de l’expérience acquise dans l’Asays (un vaste endroit où s’organise les cérémonies</nobr><nobr>de chants et de danses amazigh). Certaines fois, on a du mal à définir les convictions profondes</nobr><nobr>d’un poète, son savoir s’adresse à la raison (ixef= la tête), à la passion et à l’envie, il choisit les</nobr><nobr>termes les plus profondes pour convaincre l’écouteur/ le récepteur, pour critiquer pour définir</nobr><nobr>ses émotions, c’est un prédicateur du message profane… etc.</nobr><nobr>Le poète promouvoit les valeurs de sa société</nobr><nobr>La poésie amazigh est comblée des valeurs sociales qui sont le produit d’une société purement</nobr><nobr>amazigh. Le poète comme un individu de ce milieu, joue un rôle remarquable pour préserver et</nobr><nobr>promulguer ce patrimoine dans les foules pendant les cérémonies d’Ahouach et Ahidous. C’est</nobr><nobr>un préposé à Asays, sa fonction est de tisser la parole, de sculpter sa tayffart ou tamedyazt et</nobr><nobr>composer les mots qui aboutissent à divulguer ces valeurs sociales.</nobr><nobr>Il est difficile de différentier entre tamedyazt et tayffart comme deux formes poétiques,</nobr><nobr>cependant le dictionnaire de Miloud Taïfi définit tamedyazt comme long poème chanté et tayffart</nobr><nobr>comme poème chanté de plusieurs vers qui comporte des devinettes, des allégories… Ces deux</nobr><nobr>formes sont chantées par imedyazen et imhellelen qui se déplacent de tribu en tribu ou de village</nobr><nobr>en village.</nobr><nobr>L’amour du pays</nobr><nobr>La valeur la plus importante véhiculé par le poète amazigh est son amour éternel de la terre</nobr><nobr>akal/tamurt/tamazirt.</nobr><nobr>Ecoutons Ali N Ayt Tirit U Buâezza décrivant la beauté de l’Amur, le pays des Maures (Mauro en</nobr><nobr>espagnol) :</nobr><nobr>Kkix ed iyenna, kkix ed ilalen</nobr><nobr>Annayex tagut</nobr><nobr>142</nobr><nobr>Anniy en tlalan in sacris d zzin</nobr><nobr>Kkix ed Lmadina d Mekka</nobr><nobr>D Lquds aha d Mizra</nobr><nobr>Nugga asen i Ssudan x isaffen</nobr><nobr>Ddunit zi nniy ifuday nezêra tt</nobr><nobr>Nnix ac kkes tarict</nobr><nobr>Ur ttafat am tamazirt umur (Revue Amazigh, N°1- 1981)</nobr><nobr>J’ai voyagé à travers le ciel et océans</nobr><nobr>J’ai vu les pays des brouillards (l’Europe)</nobr><nobr>Là ou naissent les pluies et la beauté</nobr><nobr>J’ai visité la Médina et la Mécque</nobr><nobr>Ainsi que Jérusalem et l’Egypte</nobr><nobr>J’ai survolé le Soudan et ses grandes rivières</nobr><nobr>On a apprécié l’univers depuis les sommets des plateaux</nobr><nobr>Je t’annonce de desseller ton cheval</nobr><nobr>Il n y’a pas de si beau que le terre d’Amur</nobr><nobr>Amitié- tidukkla</nobr><nobr>Les poètes donnent grande importance à l’amitié, comme étant une valeur sociale très grande sur</nobr><nobr>quoi est fondée la relation entre les humains, le souci du poète est de trouver un ami ou une amie</nobr><nobr>fidèle. L’amitié c’est la fidélité, au fond du thème tidukkla (amitié), le poète traite aussi le sujet de</nobr><nobr>l’entraide (tiwisi), l’homme a toujours besoin de quelqu’un pour l’aider.</nobr><nobr>Nostalgie- amarg</nobr><nobr>Il y’a des moments ou la nostalgie et la séparation poussent le poète pour essayer de chasser ses</nobr><nobr>préoccupations et ses soucis à fin d’être avec son bien aimé. Ce genre de poésie est, en général,</nobr><nobr>triste. On sent que les deux aimés pleurent leur sort, écoutons ses deux poètes :</nobr><nobr>Netta ;</nobr><nobr>Yedda d yîd, mraran imudal</nobr><nobr>Teghlimt a tafukt</nobr><nobr>Yebedd id uhîz usmun inu !</nobr><nobr>Nettat :</nobr><nobr>Sellix ac, mezzwaren imêttawen,</nobr><nobr>Gluglen i tîtt inu</nobr><nobr>Hi ma c ssiyerex a wanda rix ?!</nobr><nobr>S uzmar, iqqen t ad yenew umarg</nobr><nobr>Umma azegza yesemmum</nobr><nobr>Lui ;</nobr><nobr>La nuit approche, les collines se renvoient les ombres</nobr><nobr>Tu te couches Ô soleil !</nobr><nobr>Et moi, j’ai la nostalgie de ma bien aimée,</nobr><nobr>Elle :</nobr><nobr>A ta voix mes larmes font écho</nobr><nobr>Et mon œil n’est plus qu’un lac</nobr><nobr>Hélas, pour toi je ne puis rien, mais</nobr><nobr>Endure donc, et que mûrisse ta passion !</nobr><nobr>Acides sont les fruits verts. Revue Amazigh, N°1- 1981)</nobr><nobr>Un autre chantait :</nobr><nobr>Ullah ar da gganegh, fafagh ed,</nobr><nobr>Inigh is id yeghra ca</nobr><nobr>Zzigh azgu ayda d yetnaqqar lbiban ghifi</nobr><nobr>Je jure que je dors</nobr><nobr>143</nobr><nobr>Et je me réveille en sursaut</nobr><nobr>En croyant qu’on m’appelle</nobr><nobr>Mais ce n’était que le vent</nobr><nobr>Qui fait claquer les portes sur moi.</nobr><nobr>Le poète lutte contre l’injustice- gar azerf, soit qu’elle est issue de la société ou des gouverneurs,</nobr><nobr>le poète des ayt Baâmran, au Sud marocain chantait :</nobr><nobr>Tanna yejran i bab n lâaqqel yara tent</nobr><nobr>Ah inu jrant g igi ur a nettara yat</nobr><nobr>Terzâ tcawct, yedêr ed fellagh ulutim</nobr><nobr>Ar ak aqqragh a Sidi Hmad u Musa, cciyx</nobr><nobr>A yi tallt aghrabu a yelkem winnun</nobr><nobr>A fella ur yettâr lbâdel ula hàderegh as</nobr><nobr>Ula sar gigh inigi n walli f yettâr</nobr><nobr>Le sage met en écriture ce qui lui est arrivé</nobr><nobr>Moi qui en ai tant subi, hélas, je n’ai rien écrit</nobr><nobr>La farouche est brisée, le tas de haies tombe sur nous</nobr><nobr>Je t’invoque, Ô Cheikh Sidi Hmad u Moussa</nobr><nobr>Que ma barque s’éléve au niveau de la tienne</nobr><nobr>Ne fais pas tomber l’injustice en ma présence ni sur moi</nobr><nobr>Que je ne sois jamais témoin d’un sur qui elle tombera.</nobr><nobr>Le poète, comme citoyen de la tribu, décrit l’effet de la sécheresse- azrig dans cette société</nobr><nobr>pastorale, la sécheresse qui sème la terreur et la panique entre les éleveurs et les pasteurs :</nobr><nobr>Wak wak ! a gar asggas lqent a segh yexleq</nobr><nobr>Yekkes kent a tiddi kullu gh irgazen hèderen akw</nobr><nobr>Yessiwed ikessaben d ifellàhen, ur yezri yan</nobr><nobr>Imma driwc yut t igellin ùhlas yebri t akw</nobr><nobr>Yeserf ed Rebbi tafukt d wâdu d wayur jemâan</nobr><nobr>Alligh kullu tellas ddunit ur yehdêr yan</nobr><nobr>Aie Aie ! cette année-ci n’en ai pas une, elle est née du malheur</nobr><nobr>Elle interdit aux hommes de relever la tête, ils ont tous courbé l’échine</nobr><nobr>Elle a semée la crainte entre éleveurs et agriculteurs, elle n’a épargnée aucun</nobr><nobr>Quant au pauvre, le bât le blesse, il souffre</nobr><nobr>Dieu a envoyé, ensemble, le soleil, le vent et la lune</nobr><nobr>Ainsi, la terre est entièrement tondue, et personne n’a contesté</nobr><nobr>Résistance- tagrawla</nobr><nobr>Imedyazen nous ont laissé un grand corpus traitant la lutte et la résistance contre l’occupant,</nobr><nobr>Imazighen ont lutté pour l'indépendance du Maroc de 1912 jusqu’à 1956, M. Chafik, l’actuel</nobr><nobr>recteur de l’IRCAM, a déjà traité ce sujet (Revue de l’Académie du Royaume du Maroc. N° 4-</nobr><nobr>Novembre 1987). On cite :</nobr><nobr>Hammu Amaâdur avait dit :</nobr><nobr>A wa bexxin ussan, wad yerezzun assid ur t ufin</nobr><nobr>A wa nek ad allex a wa !</nobr><nobr>Wa la teddux g tillas, mani yella ubrid att nissin ?!</nobr><nobr>Les jours devenaient sombres, celui qui cherche la lumiére ne l’a pas trouvé</nobr><nobr>Moi je pleurais</nobr><nobr>Je marche dans les ténèbres, ou’est la bonne voie, je la connais pas</nobr><nobr>La poétesse Tawgrat ult Âissa n Ayt Suxman, avait prise la chanson comme arme fatale contre les</nobr><nobr>français, cette grande poétesse est morte en 1930. François Reyniers collectait un peu de son</nobr><nobr>144</nobr><nobr>patrimoine dans son ouvrage ( Taougrat ou les Berbères racontés par eux-mêmes, Ed. Genthner,</nobr><nobr>Paris,1930), il disait qu’elle était l’ennemie de la France, elle a encouragée les combattants de</nobr><nobr>Aghbala pour s’affronter aux occupants, elle a une grande influence sur la tribu de Ayt</nobr><nobr>Suxman…</nobr><nobr>Tawgrat chantait pour exciter les femmes de la tribu pour aider les hommes dans leur guerre :</nobr><nobr>Ddan ed irumin, sewan ax g ughbalu n tasaft</nobr><nobr>Ur ggwiden, qqenen iysan</nobr><nobr>Aha d zziyen tiwwas</nobr><nobr>Nnan ac a nemyudjar g ixamen</nobr><nobr>Ttaweg a Ittu, gher id i Tuda d Izza</nobr><nobr>Tiwtmin a mi yeya lhàl ad asint ilafen !</nobr><nobr>Imazighen imec gguten d ammi ur llin !</nobr><nobr>Tamazirt anex udjan imuyas s uburez, ur asen telli</nobr><nobr>I wida yetzâllan xef iblis,</nobr><nobr>Imec ax neghan s wass,</nobr><nobr>Gher îd a ten tezzêâ tawigt inu</nobr><nobr>Les roumis sont venus, ils ont bu dans notre source</nobr><nobr>Ils n’ont pas peur, ils dressent les tentes dans le sol</nobr><nobr>Ils prétendent être nos voisins</nobr><nobr>Regarde Ittu, appelle Tuda et Izza</nobr><nobr>C’est le tour des femmes pour prendre les étendards de la guerre</nobr><nobr>Imazighen à gogo sans effet</nobr><nobr>Ceux qui prient au nom du Satan</nobr><nobr>n’auront pas notre pays qu’on a hérité de nos glorieux ancêtres</nobr><nobr>s’ils nous massacrent le jour,</nobr><nobr>la nuit, notre fantôme les chassera</nobr><nobr>Le grand chercheur amazigh Lahoucine Atabji a collecté, avant de nous quitter définitivement,</nobr><nobr>Beaucoup de Chants de résistance contre le colonialisme, parmi ce qu’il a collecté ses malheureux</nobr><nobr>vers du poète rifain lors de la guerre du Rif contre les espagnols, écoutons ce poète qui décrit la</nobr><nobr>bataille de Dhar u barran , qui venait juste avant la fameuse bataille de Anwal dirigée par Feu</nobr><nobr>Mohamed Abdelkrim Khattabi, que les espagnols connaissent bien :</nobr><nobr>A ya dhar n ubarran</nobr><nobr>A ya ssus n ixesan</nobr><nobr>Wi zzay ek yegharren</nobr><nobr>A zzays yeghar zzman ?</nobr><nobr>Yeghar zzays zzman</nobr><nobr>yessk usbanyu gher uliman</nobr><nobr>Yen as zur ed tamurt n Tamsaman</nobr><nobr>Tamsaman ma thawen ac</nobr><nobr>Ma teghir ac d benaâman</nobr><nobr>Ullah xuma yexerq i baba c</nobr><nobr>Am wi yeâdan</nobr><nobr>Nnzah a Mimunt</nobr><nobr>Muhend gharm ayt mam</nobr><nobr>Rbarquq wer yenwi</nobr><nobr>Ô dhar u barran</nobr><nobr>Ô champs de la plus terrible des batailles</nobr><nobr>Qui a voulu tromper</nobr><nobr>N’a en fait trompé que soi même</nobr><nobr>145</nobr><nobr>L’espagnol invita l’allemand</nobr><nobr>Viens admirer le pays de Tamsaman</nobr><nobr>Tamsaman n’est pas à prendre</nobr><nobr>La crois-tu de la vulnérabilité du coquelicot ?</nobr><nobr>Par Dieu que tu recevras la même tannée</nobr><nobr>Que par le passé</nobr><nobr>Chante mimunt</nobr><nobr>Tu as, toujours tes frères</nobr><nobr>Les pommes ne sont pas mûres</nobr><nobr>Les prunes ne sont pas encore aigres</nobr><nobr>Dans le Rif, Imazighen de cette région ont été obligé de participer dans la guerre civile de</nobr><nobr>l’Espagne (1936- 1939), les tragédies vécue par les poètes du Rif les ont incité à improviser des</nobr><nobr>vers ou ils chantaient les douleurs qui les hantaient. Écoutons :</nobr><nobr>A rùh, ssiwêd as assram i yamma ma teddar</nobr><nobr>Yen as yekkes as ufus, yen as yekkes as udâr</nobr><nobr>Apporte mon salut à ma mère si elle est encore en vie</nobr><nobr>Dit lui que j’ai perdu, à la fois, la main et le pied</nobr><nobr>Un autre poète /soldat chantait :</nobr><nobr>A tamghart n ubulisi ma yettaâjab am adîr</nobr><nobr>A qam aryaz nam sbaâ yyam ur yendîr</nobr><nobr>Ô femme du soldat cesse d’avaler les raisins</nobr><nobr>Il y’a sept jours que ton mari est mort, il n’est pas encore enterré</nobr><nobr>La femme du Rif pleure son mari en chantant :</nobr><nobr>A ya lalla yimma mayammi sseâd inu</nobr><nobr>Âissa aqqa yuyur, mayammi tudart inu</nobr><nobr>Ô maman. Quelle malchance j’ai !</nobr><nobr>J’ai perdu Âissa, à quoi sert ma vie ?</nobr><nobr>Le groupe Ihinajen est avec nous</nobr><nobr>Pour en conclure, et puisque le groupe Ihinajen est avec nous, on ne manquera pas l’occasion</nobr><nobr>pour découvrir les talents des poètes de ce groupe et la poésie dite Ahellel de la tribu d’Ayt Yusi,</nobr><nobr>au Moyen Atlas Marocain, le groupe appartient au village Akay, il se compose de 5 poètes qui</nobr><nobr>s’adonnent à la poésie traditionnelle orale.</nobr><nobr>Le corpus poétique d’Ihinajen traite des thèmes universels philosophiques existentiels, humains…</nobr><nobr>À titre d’exemple la paix, les droits humains, la lutte contre la discrimination et la prise de</nobr><nobr>conscience de l’identité Amazigh.</nobr><nobr>Le grand Amadyaz déclame les vers de la poésie aidé par des accompagnateurs dites ireddaden</nobr><nobr>(répéteurs). Ihinajen ne prennent pas des instruments.</nobr><nobr>Ihinajen est un groupe professionnel qui a des enregistrements qui se vendent, ils ont un grand</nobr><nobr>public et une clientèle nombreuse.</nobr><nobr>Tayffart ou ahellel d’Ihinajen se base sur un ensemble de tiwan ( tiwent) des refrains.</nobr><nobr>Le fait marquant dans la poésie d’Ihinajen, c’est qu’elle est basée sur le style du récit et du</nobr><nobr>dialogue, elle traite un thème sous forme d’une histoire ou un dialogue.</nobr><nobr>146</nobr><nobr>Dans le Souss, le Moyen Atlas ou le Rif, et dans tous les pays de Tamazgha, et grâce aux</nobr><nobr>Imedyazen et Imariren « la langue Amazighe a pu résister à tous les envahisseurs (… ) Ils ont fait</nobr><nobr>que cette langue soit restée dans son oralité, avec ses menaces, son aridité parfois, sa richesse et sa</nobr><nobr>projection » (Youcef Merahi- Izuran N° 10. Mars/Avril 2002- P 30). Les poètes amazigh ne se</nobr><nobr>fatiguent pas de satisfaire le public sans penser au sort de leurs poèmes qui se perdent dans les</nobr><nobr>méandres de la langue. Cette fonctionnalité qui a sauvée la langue et la culture amazigh et lui ont</nobr><nobr>permis de continuer à vivre depuis plus de six milles ans.</nobr><nobr>Qui peut se targuer d’une telle longévité devant tant de « civilisations» qui les a traités de barbare ;</nobr><nobr>« civilisations » aujourd’hui disparues ?.</nobr>
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Commentaires
1izzoughSamedi 19 Juillet 2014 à 09:12à ma connaissance,seul ahidous bni yazgha en arabe a cette spécifité;le cheikh commence par :"iwa baybine ouba biba babik daybib"Répondre
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