• La culture du chanvre

    Je vous ai parlé de la force hydraulique pour les moulins à eau, de la force du vent pour les moulins à vent , et de la force de AZZAKOUR pour la presse du moulin à huile.
    Aujourd'hui je vais vous parler de la force humaine que les Yazghis ont employée dans une culture qui a disparu complètement du paysage des Beni Yazgha. Vous êtes en train de vous poser la question de savoir quelle pouvait être cette culture ! Je ne sais pas si cette culture existait dans tous les douars des Beni Yazgha, ou seulement dans certains qui avaient la chance d'avoir une bonne terre fertile gâtée par la présence de beaucoup d'eau. En tout cas, mon souvenir remonte à l'âge de 5 ou 6 ans et je ne me souviens pas de l'importance que notre région donnait à cette culture. Il s'agit de la culture du CHANVRE ( ALKANNABE ).

    La plante du chanvre est de la famille des  Cannabinacées, autrement dit c'est la soeur jumelle du Hachisch. On sème les graines (chêvenis ) au mois de mars ou d'Avril. La floraison, c'est à la fin de l'été, et la récolte au mois d'Octobre. C'est une plante qui demande beaucoup d'eau, et ce n'est pas la seule raison qui l'a fait disparaître du paysage.

    Aprés le fauchage de cette plante on récupére d'abord les graines. Ensuite on met les tiges à rouir (immergées dans un bassin d'eau: ALMANkAÄ) pendant une semaine. Il faut dire que les hommes doivent descendre dans le bassin pour mettre des pierres au dessus du chanvre pour qu'il soit complètement immergé - car le chanvre est léger, et sans le poids des pierres, il flotterait au dessus de l'eau -. On pratique ces manipulations et ce travail pendant le mois d'Octobre, ou en Novembre. Ce n'est pas la saison de faire un plongeon dans une piscine ! Une semaine plus tard c'est le broyage, c'est à dire qu'on met les tiges dans une cuvette creusée dans un demi-tronc d'arbre coupé en longueur , et qu'à l'aide d'un autre morceau de bois on dame les tiges pour qu'elles deviennent de la filasse. C'est un travail pénible qui ne pousse pas à économiser sa force. Une fois que tout est broyé, on achemine la filasse à Fes pour des établissements de filatures où on réalise des cordages, vêtements, torchons, draps, voiles, filets, etc.. Il faut dire qu'on se sert aussi du chanvre dans le bâtiment comme isolant, dans la plomberie et même dans l'industrie automobile. Les propriétés de l'huile des graines du chanvre ressemblent à celles de l'huile d'argan. Toutes les deux sont utilisées dans le monde des cosmétiques et, au Maroc et particulièrement à Fés, on utilise les chêvenis dans la préparation des sucreries ( NOUGAT ) qu'on trouve aux alentours de Moulaye Idriss.

    Je viens de me rendre compte que je me suis égaré dans les explications de la transformation du chanvre. Cela a dû ennuyer quelques-uns d'entre vous ! Donc je reviens à mes moutons pour vous dire que j'ai complétement oublié le nom de ces instruments qui servaient au broyage des tiges ! Pourriez-vous me rafraichir la mémoire en me donnant le nom de ces "trucs " et me parler un peu plus de ce sujet? Peut-être ai-je oublié d'évoquer ou d'expliquer correctement  certaines étapes de la préparation. J'aimerais savoir également si cette culture était répandue dans tous les douars qui avaient assez d'eau. Je sais que dans LA KLOUEE restent encore des bassins " ALMANKAA " qui témoignent de l'existence de cette culture disparue.

    Toi, mon cher Kalâoui - qui as une mémoire d'éléphant -  peux-tu me raconter des anecdotes concernant le chanvre et ses méfaits, à moins que notre ami Mghili - qui est un spécialiste en la matière - pourrait trouver son inspiration grâce à cette plante convoitée par les grands amateurs de hachisch et nous associer à ses souvenirs d'antan !


    Auteur: toumi10

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    Je tiens à tirer une majestueuse révérence à mon ami Toumi pour le souvenir qu’il a relaté : la culture du chanvre. Ta narration m’a rajeuni de plus de cinquante ans. Je revois encore bellahlal, que dieu ait son âme, accroché à son « hourgal » à sdi mamnhou, en pleine activité, séparant « eshage » du « chtab » du chavre en tapant sur sa « jabya ». Tu es vraiment mon cher Toumi une grosse pierre du « mounka3 » « hajra dalmouka3 » comme on dit encore chez nous sans savoir peut être ce que cela signifie. Bravo!

     Auteur:
    Fandlaoui



    Oud Bladi Monsieur Toumi merci pour ton accueil.
    Cher ami j'ai beaucoup aimé ton récit sur le chanvre, ce produit qui a fait autrefois la gloire de notre région.
    Je suis de cette génération qui a vu arriver la fin de cette industrie. Je me souviens de notre mankaâ où j'ai vu pour la dernière fois mon grand père travailler avec son fils (mon père).
    Notre mankaâ était à côté de Ain Msqfa sous le grand noyer de Feu Hadou Hamtta, à mrajaâ al ain. Oui, ils cultivaient le chanvre dans Blad Squa à Boudinar, Lquoçib, Mrajaâ al ain ..., et puis je ne sais si tu as connu notre cacahouète à nous, la graine de chanvre grillée (fi lfarah)...
    Mon ami Toumi, une fois encore: merci!

    Auteur: Yazghi 2


    Je me souviens parfaitement bien des graines de chênevis (Azzarriâa d'Alkanab) que nos mères faisaient griller dans le FARRAH aprés avoir préparé le pain sur " Lamnassab " ou " Alkanoune ". On se régalait car c'était très délicieux. Je t'assure mon cher Patryck que les chênevis n'étaient pas préparées comme tu l'aurais aimé ! L'effet en aurait été différent si c'était toi qui les avais préparées !

    Auteur: toumi10 


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